Incipit :
« 1. Il et son féminin Ile
2. Il n'existe pas Il est l'île.
Seul l'océan existe.
3. Regarde avec quelle violence, parfois,
la mer s'acharne sur son absence
plus dure que le roc.
Vagues, monstres en délire, ô chant ! »
À lire en relation avec le début de la « Lettre à M. C. », qui suit le texte principal, éponyme, justifiant le titre :
« Qui dirait encore, de cette île, qu'elle est une île et de ce "Il" qu'il est une pensée ?
Qui dirait, ne ressassant que cela, qu' "Il" et "Ile" sont une seule pensée au sein du vide où elle persiste ; tantôt [elle] figée dans son désir – mais c'est l'espace qui, autour d'elle, s'anime – ; tantôt [lui] ivre d'errance – mais dans un univers immobile. »
I. Si ceci est un Récit, c'est au lecteur de se le figurer.
II. Pour cela il dispose de deux protagonistes, nommés « Il » et « Île », qui sont l'un le correspondant de l'autre. Mais qui sont-ils ? deux visages de l'auteur ?
III. Le lecteur dispose aussi de quatre vingts fragments, qui font penser vaguement à des haïkus, numérotés et rédigés dans un espace entre une ligne et cinq, chacun se composant tout au plus d'une vingtaine de mots.
IV. Le Récit de « Il » et « Île » pourrait être unique : lui, errant, elle, contrainte à résister à l'océan.
V. … ou bien non, certains fragments pouvant même être considérés comme vaguement contradictoires, plusieurs récits se profilent, et c'est à l'habileté du lecteur de les regrouper autant que possible.
VI. … ou encore chaque fragment pourrait être avantageusement utilisé comme un « inducteur » générant son propre récit : autonome, autosuffisant.
VII. Par ex. les cinq consécutifs suivants :
« 63. (Il n'y aura jamais assez d'heures
pour venir à bout
de la mémoire.)
64. (… jamais un équipage de navire
pour affronter les flots de l'éternité,
par endroits en flamme.)
65. (Brisures d'un gigantesque miroir,
quel conséquent visage
oserait se pencher sur elles ?)
66. Le feu couvait sous l'onde et l'eau
n'était plus que repères d'incendie ;
qu'opacité scandaleuse.
67. Par intermittence on voyait luire,
derrière les rideaux de fumée,
d'insolites poignards avides. »
VIII. Personnellement, j'ai joué le jeu d'étoffer autant que possible « mon » récit de « Il » et « Île », en supposant qu'ils pourraient aussi se raconter des histoires à partir des fragments qui « ne collent pas ».
IX. La « Lettre à M. C. » ne contribuent aucunement à éclaircir cette énigme.
X. D'ailleurs la « lettre annoncée, promise » n'existe pas : ce qui comparait sous ce titre n'est qu'introduction, annonce, promesse : cela se termine par un « Feuillet vierge ».
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