L’éveil.
Nu et sans mémoire, un homme trentenaire est découvert par Maître Pip, un tout jeune pilleur de sépulture. D’abord effrayé par l’apparition d’un gisant qui s’anime sous ses yeux, Pip s’accommode du jeune homme sans parole d’autant mieux qu’il semble amical. Remarquant un tatouage sur son épaule mentionnant « Main d’or », Pip le baptise Mandor et amène sa trouvaille au village de Bas-Mesnil. Doué pour apprendre et réparer toutes sortes d’ustensiles désuets (horloge, grille-pain, transistor, etc.), Mandor trouve immédiatement sa place dans la maison de Pip et de sa sœur Yss ainsi que parmi les villageois mais il éveille les soupçons de la caste des religieux qui domine la cité. Mandor semble correspondre à la prophétie qui annonce la fin du monde.
Rodolphe a su mixer nombre d’éléments de la SF classique et de l’histoire religieuse pour composer un récit limpide et fluide en surface, plus sombre à mesure de son avancée. En prenant le temps de peaufiner les personnages et d’installer une atmosphère, il permet l’immersion du lecteur. Le dessinateur suisse Christophe Dubois travaille avec la patience et la finesse d’un horloger. Si son graphisme rappelle le trait d’illustres prédécesseurs (Schuiten, Servais, Auclair, etc.), il n’en reste pas moins personnel et se révèle virtuose, la course en char à voile à la fin de l’album étant splendide. Le découpage, les cadrages et la mise en couleur sont superbes. Ses créatures animales exogènes sont remarquables. Le lecteur ne peut que s’enthousiasmer en imaginant lire la suite parue en 2017 et la fin de la trilogie encore à venir.

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