Meschonnic - pour faire simple - nous livre ici sa théorie de la traduction : le traducteur doit "faire ce que fait le texte". Le texte à traduire ne porte pas seulement un sens, il porte aussi un rythme, une prosodie qui lui est propre, il contient des jeux de mots, des jeux de sons, des rappels consonnantiques, par exemple. Le jeu du traducteur c'est d'inventer, dans sa langue cible, une traduction qui rende des jeux similaires, sans dénaturer le sens bien entendu. Mais dans les endroits où le texte est souple sur le sens, il convient que le traducteur reste souple lui aussi.
Bref, la traduction c'est pas simple. C'est pas une logique de robot ou d'universitaire qui, croyant avoir une méthode objective, se met à traduire sans réfléchir. Au contraire. Un poème, par exemple, ne peut bien se traduire que par un poète (ce qui ne signifie pas que les poètes savent traduire...).
En illustrant se spropos par des textes aussi divers que peuvent l'être la Bible (bien entendu), l'Iliade, du Mèng Hao-ran, du Goethe, Dante, Shakespeare, Tchékhov, Trakl, Kafka, Calvino..., il finit par considérer que "traduire n'est traduire que quand traduire ets un laboratoire d'écrire. Décalque, autrement. Une exécution. Par le signe."
Un beau livre, où j'ai pas tout compris mais où j'ai retenu une idée essentielle à mon avis : traduire, c'est relire. C'est écrire. C'est inventer un langage spécifique pour une oeuvre spécifique. Et je comprends maintenant pourquoi, selon Meschonnic, "il n'existe pas de traduction de la Bible en français".
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