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[Royaumes d'aventure | Bruno Fuligni]
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apo



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Posté: Ven 01 Juil 2016 8:38
MessageSujet du message: [Royaumes d'aventure | Bruno Fuligni]
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En consultant sa production historiographique désormais abondante, je peux affirmer que Bruno Fuligni a le don de systématiquement séduire apo petit garçon, ou ce qui en survit...
Cet ouvrage, version illustrée, complétée et mise à jour d'un L'État c'est moi – Histoire des monarchies privées, principautés de fantaisie et autres républiques pirates (1997), est un atlas (planisphère en pièce jointe) qui recense sans doute exhaustivement, sur quelque trois cents pages, l'ensemble des micronations autoproclamées, visuellement identifiées par des cartes les localisant – terres, armes et drapeau – par leurs émissions philatéliques, numismatiques et éventuellement documentaires (passeports, etc.), parfois par des clichés de leurs souverains fondateurs ou de quelques paysages. Ces sujets atypiques du droit international, dont le peuple éventuel n'entre point en ligne de compte, sont répartis de façon très vaguement chronologique entre « Les îles lointaines », royaumes flibustiers issus de découvertes géographiques datant de l'âge d'or de la navigation à voile et répondant à la logique économique des trafics divers de la course et piraterie, « Les empires éphémères », correspondant à des tentatives individuelles de se tailler un espace colonial, et enfin « Les enclaves oubliées », phénomènes tout à fait contemporains et en pleine expansion, que la très pertinente introduction explique et justifie en termes de déception et de crise des États traditionnels, notamment à cause de leur bureaucratisation et conséquente inefficacité, parfois de déceptions éthiques (politiques, environnementales, sociétales...), et d'une recherche de liberté en termes à la fois individualistes et nationalistes. Sans oublier la satisfaction égotique de celui qui parvient, de la manière la plus durable possible, à berner la toute-puissance de la souveraineté étatique, à se proclamer souverain à son tour, et si possible à en retirer quelques avantages douaniers, fiscaux, touristiques, ou libertaires... La conclusion s'intitule « Indépendance, mode d'emploi », mais hélas elle ne fournit guère de tuyaux pour que nous asseyions chacun notre souveraineté quelque part, autres que la recommandation de surveiller les nouveaux territoires émergeant du réchauffement climatique ou de nous infiltrer dans les zones litigieuses ou conflictuelles, qui ne manquent jamais de par le monde, mais à nos risques et périls... la reconnaissance internationale pouvant fortuitement s'ensuivre ou non ; surtout, ne jamais abandonner sa position insulaire, ne succomber en aucun cas à la tentation casanière du gouvernement en exil !
Il est presque impossible de choisir l'une de ces micronations, dont l'histoire séduirait le plus du point de vue narratif. Naturellement, l'accession à la souveraineté de certaines est plus aventureuse que d'autres : les plus récentes, les plus vraisemblablement pérennes ou inversement les plus rocambolesques, ou bien les plus audacieuses en termes de projet étatique peuvent tour à tour faire l'objet d'une préférence. La mienne va peut-être à la Principauté de Sealand, 3 habitants, plate-forme en haute mer jadis vouée à la défense aérienne britannique contre les bombardements nazis, et envisagée depuis 2007 comme possible « paradis numérique » une fois ses piliers creux « bourrés de serveurs pouvant héberger sites réprouvés et casinos en ligne » (p. 257) : entre l'idéalisme hautement humaniste de certaines démarches et cette éthique ambiguë du hackerisme, bassement matérialiste certes, mais fondée néanmoins sur l'impératif de la liberté d'expression et de communication-circulation cybernétique absolue, j'hésite, j'hésite... (Mais là est une autre question, que l'ouvrage n'aborde pas!)

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