C'est le premier livre de Jean Echenoz que je lis. Je ne suis pas sûr qu'il y en ait un autre. Ou il faudrait qu'on me persuade qu'il est vraiment très différent de celui-ci. Il y a une sorte de cynisme mêlé de prétention qui se promène tout au long du livre à la fois dans l'histoire qu'il raconte, le personnage principal, le galeriste Ferrer, et dans l'écriture elle-même (que le passage sur le maquillage que Lybertaire a mis comme citation reflète à mon sens parfaitement). Je suis sidéré de lire sur la quatrième de couv l'extrait d'une article de Pierre Lepape (lui, le vibrant biographe de Voltaire !) pour qui "Je m'en vais est aussi la formule d'adieu d'un siècle bien incapable de savoir où il va et qui oublie même de se poser la question. Il s'en va, c'est tout." En tout cas, ce n'est pas grâce à ce livre que l'on risque de trouver un sens à "ce siècle qui s'en va" (le livre est paru en 1999). "Je m'en vais" est plutôt à mes yeux le manifeste de ceux qui ont le désabusement comme fond de commerce. Et si quelqu'un vient les dévaliser (comme c'est ce qui arrive à Ferrer dans le livre), ce n'est pas moi qui irait les plaindre, bien au contraire.
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