Ce livre part d'un bon sentiment : la gentillesse ;-). Après en avoir fait l'éloge de façon générale dans un précédent livre, l'auteur tente de nous persuader ici que la gentillesse a toute sa place dans l'entreprise. Selon lui, la responsabilité sociale de l'entreprise (parfois résumée dans le sigle RSE) est aussi importante que sa responsabilité économique, c'est-à-dire créer des richesses. Il nous montre en quoi l'entrepreneur, ou le manageur dopé à des modèles de compétitivité et de performance oublie bien souvent d'apporter du soin et du lien à ses équipes. Il y a de très belles formules pour exprimer cela. On ressuscite la figure du gentilhomme pour valoriser ce rôle un peu trop oublié du "manageur". Dommage qu'Emmanuel Jaffelin après avoir rappelé à l'entrepreneur quelle était la "noble" part sociale de son travail ne vienne (trop gentiment ?) l'exonérer de cette tâche "si l'entreprise est en difficulté financière" car dans ce cas "la production de richesse passe avant toute chose". Ne sait-il pas que tout patron saura s'emparer de cette clause d'exonération dans toute circonstance, puisqu'aussi bien, à l'heure de la mondialisation et de l'überisation de l'économie, toute entreprise est potentiellement menacée par d'invisibles ennemis ? C'est au contraire dans les difficultés que se révèlera le vrai visage de la Direction : gentil ou méchant ?

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

Merci de ton commentaire, Swann. Toutefois, je ne voudrais pas laisser penser que le livre de Jaffelin se réduit au côté "mièvre" dont tu parles. Si je lui ai mis 4 étoiles c'est qu'à mon avis, il pose de bonnes questions à défaut de trouver les bonnes réponses. Beaucoup trop de gens qui sont victimes de l'économie font de l'entreprise un épouvantail, ou un Golem et s'en détournent avec mépris au lieu de réfléchir à son mode de fonctionnement et aux façons de la rendre plus juste et plus humaine. Si l'on est bien d'accord que personne n'a encore trouvé la recette pour vivre sans travailler (à part Liliane Bétencourt, bien sûr), il faut bien réfléchir à l'organisation du travail et donc de l'entreprise au sens large (qu'elle soit publique, privée ou sous forme coopérative). Ce livre, malgré les limites que j'ai soulignées, a le mérite de ne pas réduire l'entreprise à son rôle économique (comme c'est trop souvent le cas) mais d'insister sur sa responsabilité sociale qui inclut les relations qui se tissent (ou pas) au quotidien entre les salariés.
Bon, je me rends compte en te répondant que je rame un peu pour sauver ce qui peut l'être de ce livre ... Il y a surement plus pertinent comme lecture sur l'entreprise et je suis preneur de bonnes lecture sur ce thème.

Je comprends que tu penses que le livre vaut quand même la peine d'être pris en considération ; tout va bien !