Une femme s'adresse, sans doute à l'écrit, à son fils. Elle vit seule depuis que son mari est mort, suivant ainsi tous ceux qui, au fil des années, ont disparu.
Son message est empreint d'une grande mélancolie, elle évoque les souvenirs de tous ces proches dont le décès l'a à chaque fois amputée d'une part de son envie de vivre. Elle revient sur des épisodes de sa vie de famille, sur ces années particulièrement difficiles de la guerre civile, pendant lesquelles l'existence était faite d'angoisse et de misère, entachée par la "saleté de la peur".
Son mari Tomas, et le frère cadet de celui-ci, Antonio, ont été des républicains en fuite, pourchassés, considérés comme des pestiférés. Lorsque Tomas a pu revenir vivre au village, la vie a repris peu à peu son cours, tant bien que mal, ponctuée par les visites à la prison où avait échoué Antonio.
La narratrice rapporte les événements qui ont jalonné son existence avec une sorte de distance, s'attachant surtout à parler des autres, comme si, en simple témoin, elle les avait vécus sans y être réellement impliquée. Comme si l'enchainement de ces événements l'avait dépossédée de son propre destin, la reléguant au rang de personnage secondaire.
Rafael Chirbes nous livre avec "La belle écriture" une belle leçon de concision. Chaque mot trouve dans ce joli texte la place la plus juste, aucun n'y est de trop, et l'ensemble, composé de courts paragraphes, forme un récit ciselé, extrêmement agréable à lire.
La plume y est sensible sans être larmoyante, évoquant le deuil des espoirs de jeunesse, posant le constat que la vie que l'on imaginait devenir plus belle au fil du temps n'a été qu'une succession d'amères déceptions, que les projets qui permettaient de tenir et supporter les périodes difficiles, ne se sont finalement jamais concrétisés.
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