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[Le loup des steppes | Herman Hesse] |
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Orchidoclaste
Sexe: Inscrit le: 15 Avr 2012 Messages: 344 Localisation: Par monts et par vaux
Âge: 42
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Posté: Mer 01 Mai 2013 22:02
Sujet du message: [Le loup des steppes | Herman Hesse]
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Le loup des steppes, c'est l'histoire d'un homme solitaire tiraillé entre sa tranquillité et l'envie de se mêler au Monde pour goûter aux plaisirs de la vie.
Hesse manie la langue française comme un orfèvre et bien que l'histoire ne m'ait pas toujours tenue en haleine, j'ai apprécié le travail d'artiste, l'écriture fluide, élégante, soignée.
Des passages fabuleux avec de nombreux imparfaits du subjonctif
"Où que je jetasse mes regards, où que j'envoyasse mes pensées, nulle part ne m'attendait un plaisir, nulle part un appel, nulle part une tentation [...]" (p58)
"A minuit, je n'avais encore trouvé personne, et, bien que je n'eusse pas encore dansé, j'avais chaud, la tête me tournait, je me laissai tomber sur un siège." (p162)
Petite leçon de vie d'Hermine à Harry, le "loup des steppes":
"Tu avais en toi une image de la vie, une croyance, une exigence, tu étais prêt à des exploits, des souffrances, des sacrifices; et puis, peu à peu, tu remarquas que le monde n'exigeait rien de toi aucun exploit et aucun sacrifice, que la vie n'est pas une épopée héroïque avec des rôles en vedette, mais une cuisine bourgeoise, où l'on se contente de boire et de manger, de prendre un café, de tricoter des bas, de jouer aux cartes et d'écouter la T.S.F. Et celui qui veut et qui a en lui autre chose: l'héroïque, le beau, l'adoration des grands poètes, la piété pour les saints, n'est qu'un imbécile et un Don Quichotte." (p146)
Sur l'homme "moderne":
"L'homme "moderne" appelle cela sentimentalité; il n'aime plus les objets, pas même ce qu'il a de plus sacré, son automobile qu'il espère échanger au plus tôt contre une meilleure marque. Cet homme moderne est chic, solide, sain, souple et froid, un type formidable qui fera magnifiquement ses preuves à la prochaine guerre." (p158)
Description magnifique page 202:
"A cet instant, plein d'une attente anxieuse, je vis venir la jeune fille, rêveuse et solitaire; elle montait le sentier sans m'avoir encore aperçu. Ses cheveux étaient sagement nattés et épinglés en chignon, mais de longues mèches lui battaient les joues et ondoyaient dans le vent.Je voyais, pour la première fois de ma vie, combien cette jeune fille était belle, comme le jeu du vent dans ses doux cheveux était féérique, comme les plis tombants de sa légère robe bleue moulant le jeune corps éveillaient le désir; et, de même que le goût âcre et pimenté du bourgeon mâché m'avait saturé de toute la volupté suave, de toute la douce angoisse du printemps, la vue de cette jeune fille me pénétrait du pressentiment mortel de l'amour, de l'attente de la femme, de la divination bouleversante de promesses et de possibilités inouïes, de félicités indicibles, d'enchevêtrements, d'angoisse et de souffrances inimaginables, de délivrance ineffable et d'inexorable péché."
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Message |
C-Maupin
Sexe: Inscrit le: 06 Mai 2006 Messages: 1917
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Message |
Orchidoclaste
Sexe: Inscrit le: 15 Avr 2012 Messages: 344 Localisation: Par monts et par vaux
Âge: 42
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1960 Localisation: Ile-de-France
Âge: 52
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Posté: Jeu 02 Mai 2013 16:48
Sujet du message:
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La dernière phrase de la note de lecture suivante : http://www.buzz-litteraire.com/post/2010/06/28/1642-le-loup-des-steppes-d-herman-hesse
donne, par l'exemple, des éclaircissements très intéressants sur les décisions traductologiques d'Alexandra Cade. Sans lire l'allemand, j'ai tendance à les approuver a priori.
En ce qui concerne l'imparfait du subjonctif, tout en me dispensant d'exprimer mes propres goûts et préférences (qui n'auraient éventuellement d'intérêt que si j'étais auteur), je crois que le meilleur commentaire demeure celui d'Ingannmic, à savoir l'émoticône "cool". Je m'explique.
Je ne donne pas de poids à l'argument des finales lourdes ; l'on ne peut toutefois s'empêcher d'associer à l'imparfait du subjonctif :
- l'arrière-goût d'étrangeté dû à sa rareté d'usage (que certains pourront éventuellement déplorer, et cela n'engage qu'eux, mais qui est avérée)
- (surtout) les connotations sociolinguistiques extrêmement marquantes qui en découlent.
Comment expliquer autrement que certaines personnes du passé simple (notamment les deux premières du pluriel) soient beaucoup plus connotées (voire porteuses d'une connotation carrément plus signifiante que leur dénotation même) que les autres ? Comment expliquer aussi que certains verbes soient défectifs justement de ces formes, temps et personnes ? Cela ne peut certes être justifié ni par leur sonorité ni par leur graphie (l'accent circonflexe).
Autant donc s'interroger, par conséquent, non sur la "correction" de la syntaxe mais sur la sociolinguistique... Et, quelle que soit sa décision finale, tout bon traducteur se doit de se poser cette dernière question d'abord et surtout. Sachons donc comprendre que la traductrice a voulu rendre là l'équivalent de quelque chose de précieux, sans aucun doute un registre élevé, peut-être une surabondance relative de racines latines plutôt que germaniques dans le texte, qui sait quoi d'autre... [ ] Peut-être aussi, comme l'indique la note ci-dessus, voulait-elle surtout se démarquer de la précédente traduction.
Plusieurs germanisants français de ces dernières années semblent bien engagés dans cette voie (j'en donnerai peut-être un exemple précis dans une note à venir), surtout par dépit contre le "romantisme" des traducteurs de l'allemand d'avant-guerre, mais parfois avec une outrance dans leur dépit que je trouve nuisible au texte et pernicieuse pour le lecteur.
En tout cas, il est évident qu'une retraduction est toujours une histoire beaucoup plus compliquée qu'une première traduction...
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_________________ Sunt qui scire volunt |
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Message |
Orchidoclaste
Sexe: Inscrit le: 15 Avr 2012 Messages: 344 Localisation: Par monts et par vaux
Âge: 42
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Auteur |
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Message |
Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2642
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Posté: Jeu 02 Mai 2013 22:10
Sujet du message:
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« apo » a écrit: Je ne donne pas de poids à l'argument des finales lourdes ; l'on ne peut toutefois s'empêcher d'associer à l'imparfait du subjonctif :
- l'arrière-goût d'étrangeté dû à sa rareté d'usage (que certains pourront éventuellement déplorer, et cela n'engage qu'eux, mais qui est avérée)
- (surtout) les connotations sociolinguistiques extrêmement marquantes qui en découlent.
Comment expliquer autrement que certaines personnes du passé simple (notamment les deux premières du pluriel) soient beaucoup plus connotées (voire porteuses d'une connotation carrément plus signifiante que leur dénotation même) que les autres ? Comment expliquer aussi que certains verbes soient défectifs justement de ces formes, temps et personnes ? Cela ne peut certes être justifié ni par leur sonorité ni par leur graphie (l'accent circonflexe).
Autant donc s'interroger, par conséquent, non sur la "correction" de la syntaxe mais sur la sociolinguistique... Et, quelle que soit sa décision finale, tout bon traducteur se doit de se poser cette dernière question d'abord et surtout. Sachons donc comprendre que la traductrice a voulu rendre là l'équivalent de quelque chose de précieux, sans aucun doute un registre élevé, peut-être une surabondance relative de racines latines plutôt que germaniques dans le texte, qui sait quoi d'autre...
Je partage complètement ton point de vue sur la traduction des tournures grammaticales et de la formule correcte ou relâchée.
De même, il peut être plus courtois de faire intentionnellement une faute en demandant "Do you want some cup of tea ?"...
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1960 Localisation: Ile-de-France
Âge: 52
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