L'agora des livres :: Voir le sujet - [Le sanglot de l'homme noir

fabula · Inscrit le: 24 Nov 2011 Messages: 96

Alain Mabanckou se propose de faire un sorte de point sur la condition noire en France. Le 1er texte est une lettre adressée à son fils, elle sera suivie de 11 autres chapitres ; chacun constitue un court essai et doit son titre à d'autres livres, eux-mêmes au centre du propos (Le soleil des indépendances de Kourouma...). Mabanckou prend le contre-pied de bon nombre d'idées depuis fort longtemps inscrites dans les esprits, (ceux des noirs comme ceux des blancs), et qui semblent indélogeables. Ainsi, les noirs tiennent généralement les blancs (les négriers d'abord puis les colons) pour responsables de tous les maux qui frappent l'Afrique. Les blancs quant à eux s'imaginent qu'un noir en France est forcément « franco-quelque chose » et non « français-tout court » ! Mabanckou aborde de face des questions brûlantes ou taboues : l'esclavage, l'identité (nationale), l'usage de la langue française par les écrivains africains, il balaie les clichés et fait entendre une voix qui peut déranger, au risque de passer, au mieux pour un « petit bourgeois blanc », au pire pour un traître. Il cite de nombreux auteurs dont Frantz Fanon, philosophe haïtien qui écrivait : « N'ai-je donc pas sur cette terre autre chose à faire qu'à venger les noirs du XVIIè siècle ? ». Pour lui, avoir « le regard fixé sur le rétroviseur » ne permet pas de se prendre en main et de construire l'avenir.

Mabanckou illustre sa réflexion d'exemples tirés de son propre vécu où pointe un petite touche d'humour propre à l'auteur. Nous sommes bien loin (et c'est tant mieux) du livre bien-pensant : Mabanckou titille notre bonne conscience et peut se montrer parfois un brin provocateur, lorsqu'il affirme par exemple : « Si en Afrique, un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle, reste à savoir quel vieillard et quelle bibliothèque, les vieux cons n'ayant pas disparu de ce monde » (p.146). Et pourtant, il y a beaucoup de sagesse dans ce livre qui m'a paru vraiment rafraîchissant, salutaire même, et que j'ai vraiment envie de partager !

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fabula · Inscrit le: 24 Nov 2011 Messages: 96

« fabula » a écrit:

Alain Mabanckou se propose de faire un sorte de point sur la condition noire en France. Le 1er texte est une lettre adressée à son fils, elle sera suivie de 11 autres chapitres ; chacun constitue un court essai et doit son titre à d'autres livres, eux-mêmes au centre du propos (Le soleil des indépendances de Kourouma...). Mabanckou prend le contre-pied de bon nombre d'idées depuis fort longtemps inscrites dans les esprits, (ceux des noirs comme ceux des blancs), et qui semblent indélogeables. Ainsi, les noirs tiennent généralement les blancs (les négriers d'abord puis les colons) pour responsables de tous les maux qui frappent l'Afrique. Les blancs quant à eux s'imaginent qu'un noir en France est forcément « franco-quelque chose » et non « français-tout court » ! Mabanckou aborde de face des questions brûlantes ou taboues : l'esclavage, l'identité (nationale), l'usage de la langue française par les écrivains africains, il balaie les clichés et fait entendre une voix qui peut déranger, au risque de passer, au mieux pour un « petit bourgeois blanc », au pire pour un traître. Il cite de nombreux auteurs dont Frantz Fanon, philosophe haïtien qui écrivait : « N'ai-je donc pas sur cette terre autre chose à faire qu'à venger les noirs du XVIIè siècle ? ». Pour lui, avoir « le regard fixé sur le rétroviseur » ne permet pas de se prendre en main et de construire l'avenir.

Mabanckou illustre sa réflexion d'exemples tirés de son propre vécu où pointe un petite touche d'humour propre à l'auteur. Nous sommes bien loin (et c'est tant mieux) du livre bien-pensant : Mabanckou titille notre bonne conscience et peut se montrer parfois un brin provocateur, lorsqu'il affirme par exemple : « Si en Afrique, un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle, reste à savoir quel vieillard et quelle bibliothèque, les vieux cons n'ayant pas disparu de ce monde » (p.146). Et pourtant, il y a beaucoup de sagesse dans ce livre qui m'a paru vraiment rafraîchissant, salutaire même, et que j'ai vraiment envie de partager !