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[Histoire universelle de la destruction des livres : Des...]
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apo



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Posté: Mar 20 Sep 2011 8:08
MessageSujet du message: [Histoire universelle de la destruction des livres : Des...]
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[Histoire universelle de la destruction des livres : Des tablettes sumériennes à la guerre d'Irak | Fernando Bàez]

Il s'agit là d'une étude encyclopédique menée sans doute au cours de nombreuses années, qui possède le style compilatoire ainsi que l'imposant appareil bibliographique et de notes typique de ce qu'étaient les anciennes thèses d'Etat (qui n'ont pas grand chose à voir avec les thèses de doctorat de nouveau régime). L'ambition est universaliste, dotée pourtant d'une étrange boucle géographique, puisqu'il s'ouvre sur la destruction des tablettes sumériennes de Mésopotamie et il se clôt sur un long chapitre consacré aux ravages des bibliothèques, archives et sites archéologiques irakiens provoqués par la Seconde guerre du Golfe. Elle est inspirée par la thèse que l'anéantissement du livre correspond souvent à la volonté du mémoricide, c'est-à-dire de l'effacement de la mémoire et donc de l'identité (d'un groupe ou d'un peuple).
Mais ces deux principes d'inspiration (universalité et intentionnalité mémoricide) s'avèrent être très souvent contradictoires, et l'intérêt de la lecture s'en ressent considérablement. En effet, au-delà de la puissance évocatrice et de la répétition constante des autodafés et autres flammes autoritaires ou totalitaires, il faut bien admettre que tous les supports des textes ont été extrêmement fragiles tout au long de l'Histoire, et donc que leurs destructions non-délibérées ont sans doute été majoritaires. En fait, l'impression que l'on retire surtout des chapitres sur l'Antiquité est celle du miracle de la conservation des rares et fragmentaires écrits des époques éloignées, et il relève de l'illusion ou de la fiction de se leurrer sur la survie de ce qu'il y a eu de meilleur ou sur l'anéantissement de ce qu'il y a eu de plus subversif.
Et même dans le domaine le plus intéressant des destructions volontaires des livres et des bibliothèques (dans l'indignation et l'horreur qu'elles nous provoquent), leurs causes s'avèrent être tout aussi variées que celles des décès des êtres humains - y compris celles des suicides...

On retirera de cette lecture en proportion directe de ce que l'on possède déjà. Ne pouvant être spécialiste des oeuvres de toutes les périodes, de tous les pays, ni de toutes les circonstances de destruction évoquées, il est probable que chaque lecteur sera interpellé par certains épisodes et intéressé par certains chapitres ou par certains ouvrages ou par certains auteurs plus que par les autres. Il est difficile de maintenir un niveau de concentration égal tout au long du traité, car tant de détails pointus (et un mince fil conducteur) sont là pour vous noyer. Mais, de même qu'étant écolier l'on retient des années de cours d'Histoire le sentiment que le parcours de l'humanité, avec toute sa série de guerres, de catastrophes, de folies incompréhensibles et ses quelques personnages extraordinaires est un parcours du "malgré tout", de même l'on retiendra un sentiment identique au sujet de la production intellectuelle humaine à la lecture de ce grand livre sur sa destruction.

En exergue :
"Là où l'on brûle les livres, on finit par brûler les hommes..." Heinrich Heine, 1821.

En excipit :
"Le lecteur curieux de cette chronique de désastres pouvait-il imaginer que le XXIe siècle s'ouvrirait sur la mise à sac et la destruction du berceau de la civilisation ?"

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[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]
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Posté: Mer 21 Sep 2011 16:39
MessageSujet du message:
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Belle note! Ce qui me surprend, moi, c'est surtout qu'aux débuts de l'Ecriture, on accusait celle-ci de tuer la mémoire, justement. Ivan Illich évoque notamment la perte de l'exercice de la mémorisation chez les hommes depuis que l'écriture remplace le souvenir (puisque c'est écrit, nous n'avons plus besoin de nous en rappeler).
C'est donc un sujet très intéressant!
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apo



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Posté: Mer 21 Sep 2011 20:23
MessageSujet du message:
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Merci ami Laudateur !
J'ai entendu parler de cette ancienne accusation portée à l'écriture, probablement en lisant Alberto Manguel.
Je pense, cependant, que l'on devrait trouver deux sens au concept d'attentat à la mémoire, à ne pas confondre : l'un, pour ainsi dire, réflexif - l'écrivant tuant sa propre mémoire par l'écrit - ; l'autre résolument transitif - le mémoricide tuant la mémoire d'autrui en détruisant les écrits de celui-ci.
Par contre il peut être intéressant, éventuellement, de regrouper tous les tueurs de la mémoire d'autrui sous la catégorie des "fanatiques" - et j'utilise ce mot dont tu pourras vérifier sa signification littérale, volontairement, pour te titiller légèrement... Wink (car bien sûr personne ne niera que Mao, Hitler, Gengis Khan, pas moins que Torquemada et autres destructeurs des civilisations précolombiennes, sans parler des "vengeurs de 11/9", etc. etc. "se sont tous crus inspirés de la divinité, de l'esprit divin", sous quelque forme que ce fût... Laughing )
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Laudateur



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Posté: Dim 25 Sep 2011 15:07
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Tu as raison de différencier le "quant à soi" du "quant à autrui". Mais au-delà de cette distinction, il y a bel et bien un effacement de la mémoire, que même les bibliothèques ne peuvent pas combler. Car si l'on écrit, qui lit? Et - plus important encore - qui retient ce qui est lu?
Du coup je me tourne (encore) vers Ellul qui, notamment dans "Propagandes", évoque ce fait bien connu : nous sommes tellement submergés d'informations (les 'nouvelles', qui changent tous les jours; les informations qui nous concernent, peu nombreuses; les informations qui ne nous concernent pas, mais dont il nous faut absolument être au courant pour ne pas être vu comme quelqu'un de dépassé; le non-informations; les informations qui annoncent la pluie un jour, et le soleil un autre, mais dont on a déjà oublié le contenu... etc) que nous ne pouvons ni toutes les assimiler (c'est-à-dire réfléchir dessus pour qu'elles prennent sens et corps dans nos vies) ni toutes les retenir (c'est pourquoi nous continuons de voter et que nous croyons à ce que l'on nomme "la nouveauté" ou "les nouvelles")... L'homme moyen, dont je fais partie et qui est le plus répandu, ne peut rien faire de ces bibliothèques.
De là à les brûler... bien sûr... il y a un pas à ne pas réaliser! Seulement n'est-ce pas déjà fait, en acceptant chaque jour un système qui nie la mémoire de nos livres?

Fanatique... hahaha! Tu me chatouilles plus que tu ne me titilles ;-D
J'ai tendance à penser que celui qui est vraiment inspiré par l'Esprit de Dieu ont une sensibilité accrue à l'autre, et au respect qui lui est dû (en règle générale). N'en faisons pas un dogme, car je peux y voir des exceptions, mais remarquons quand-même qu'assassiner 'au nom de Dieu' semble une aberration... Mon modèle, si je puis dire, c'est le Christ, qui - inspiré par Dieu - n'a pas imposé un style de vie, une religion ou un système de pensée. Il n'a fait que le proposer, ne se (le) défendant même pas. Il a laissé à l'autre sa liberté. Et si Lui était fanatique, c'était un fanatique de l'amour de l'autre.
Les gens que tu cites n'ont certes pas suivi son exemple (et moi non plus, d'ailleurs, car j'ai cette tendance naturelle à vouloir dire aux autres ce qu'ils doivent entendre... mais n'est-ce pas là le but de toute parole, qu'elle soit dite ou écrite dans nos bibliothèque?)
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Posté: Lun 26 Sep 2011 20:28
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Eh bien, l'ami Laudateur, je pourrais (ou l'on pourra) me reprocher plein de choses, mais non de te titiller/chatouiller en vain : car là, en revanche, réside l'un des meilleurs investissements (en termes de nourriture du dialogue)...

Bon : procédons par ordre. Effacement de la mémoire. Et si au lieu d'écrire/lire, nous ne faisions que parler/écouter, la diffusion serait-elle plus vaste ou bien retiendrait-on davantage ? Improbable. Ce qui est avéré, cependant, c'est que lorsque les livres étaient rares et chers, et que les lettrés avaient besoins de retenir une grande quantité de notions (surtout verbatim) sans avoir la facilité de l'accès à l'écrit, ils ont inventé des mnémotechniques absolument prodigieuses : c'est ce que l'on dit de Giordano Bruno et de Pic de la Mirandole, me semble-t-il ; sans doute était-ce vrai aussi d'autres compères du même acabit. Ces techniques n'étaient pas de l'écriture, certes ; je me demande si on peut les qualifier quand même de méta-écriture...

"Ton" Ellul est un petit malin ! Si c'est lui qui fractionne tout le "bruit de l'information" dans ces catégories drôles, je souris ; s'il en vient à démontrer un but de "propagande", je dis "A voir, pourquoi pas ?" ; mais s'il conclut que l'homme moyen ne peut rien en faire, voire même rien faire des bibliothèques, je sors ma hache de guerre et j'invective : "L'homme, aussi moyen soit-il, peut au moins choisir de transformer des informations qui a priori ne l'intéressaient pas (ou dont il n'était pas informé) en informations qui le concernent. C'est ce qui s'appelle une recherche. Là une multitude d'obstacles se dressent contre lui, dont l'abondance du flux d'information est vraiment le cadet.

"Accept[er] chaque jour un système qui nie la mémoire de nos livres". Je suis perplexe, je demande à comprendre... Si l'on parle de l'anti-intellectualisme d'une certaine classe politique, je consens, voire plus. Mais si cette négation est radicale, j'ai l'impression que l'on tombe dans la tyrannie... ou le fanatisme ?!

Et oui ! nous y voilà. Je sais que tu as apprécié la subtilité de la distinction entre "être inspiré etc." et "se croire inspiré etc.". Mais là où ça devient super-titillant, c'est que l'on revient justement à la distinction de départ : "quant à soi" vs. "quant à autrui" ou bien "réflexif" vs. "transitif", n'est-ce pas ? Donc c'est qui, le fanatique ?

Devant Jésus, dont ça doit sans doute être euh... "challenging" de le prendre pour modèle (!), je m'incline devant le fait qu'il ait proclamé vouloir changer toutes "les règles" mais sans jamais brûler leurs textes, et je m'incline encore plus bas sur sa décision de ne rien écrire, malgré tout... Et sans doute non pas par plus d'efficacité de transmission ni de simplicité de moyens - qualités que sa fin démontre a minima qu'elles ne lui tenaient pas vraiment à coeur, n'est-ce pas. Cela, même un incroyant impie comme moi peut le constater !
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Laudateur



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Posté: Ven 30 Sep 2011 22:56
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Oui, je ne remets absolument pas en question l'utilité, la beauté et la nécessité des livres (heu... sinon, que ferai-je ici...? et comment m'inscrirai-je dans ce livre-miroir pour moi, qu'est la bible et que l'on nomme - à tort ou à raison - Le Livre?) Quant aux techniques que tu évoques, je ne sais s'il faut appeler cela "écritures", mais Illich témoigne par exemple que le sommaire d'un livre a été inventé pour faciliter la recherche. Il dit, sans doute avec un brin de nostalgie, qu'on peut (encore plus maintenant avec l'ordinateur) trouver une information dans un livre rien qu'avec la table des matières, et que du coup ceux qui étudient ne prennent plus le temps de traverser (et de se laisser traverser par) le livre. Du coup, on en vient à rechercher des informations (base de données) plus que de respirer le livre. Il dénonce cela comme une perte qualitative, ce qui - dit-il (ou du moins, entends-je) - n'enlève rien à l'efficacité de la technique employée. Effacement de la mémoire, donc, non pour les élites qui savent (ou savaient?) l'utiliser, mais pour les gens au sens large. Mais j'y viens.

D'abord, ce n'est pas "mon" Ellul! C'est un détail mais j'y tiens! Il ne m'appartient pas plus que je ne lui appartiens. En plus, ce que j'écris ici est dévié, forcément, parce que je ne peux retraduire que ce que j'ai compris de sa pensée. Donc rendons à César ce qui appartient à César et à Ellul ce qui appartient à Jacques ;-D
Sors ta hache de guerre : choisir les informations, comme tu dis, c'est beau et théoriquement possible, mais encore faut-il savoir/pouvoir le faire! Je me situe là aussi dans le cadre des "gens au sens large" (qu'Ellul appelait, selon le langage de son temps, "l'homme moyen", c'est-à-dire les gens qui ne sont pas des intellectuels). Moi, qui suis intellectuel sans être UN intellectuel (je suis porté vers la réflexion parce que ça me stimule, mais je suis un vrai âne! L'intellectualisme n'est pas mon truc et je ne comprends pas le dixième de ce que je lis), je fais partie de ces "hommes moyens", et je ne sais pas faire le tri entre les informations. J'essaye, parce que j'ai bien compris qu'on nous noie, mais je ne sais pas faire et tente, au petit bonheur la chance, de construire mon univers. Mais au final, j'ai conscience de faire ainsi partie d'une minorité (et peut-être qu'ici, sur l'Agora, nous ne sommes pas minoritaires!) Quand je regarde autour de moi, je ne connais que très peu de personnes qui choisissent - je veux dire de manière consciente et éclairée - les informations qu'ils gobent. Moi-même, quand je choisis, c'est en fonction bien souvent non de la vérité, mais en fonction de mes opinions, de ce que j'ai envie d'entendre... Je suis moi-même demandeur de propagande (comme le membre d'un parti qui n'absorbe que l'information qui vient de son parti). C'est ce sens que développe Ellul, je crois. Nous faisons des choix, sans doute, mais ces choix en sont-ils? Oui, s'ils sont conscients et éclairés (je sais que je m'abreuve de propagande, donc j'agis en conséquence). Non - mais pas absolument - s'ils sont inconscients, ou signe de paresse intellectuelle. On prend ce qui vient, quoi.

Ce choix dont tu parle ne peut être fait que par ceux qui ont du temps pour réfléchir (ou qui prennent le temps de...) Tu dis que l'abondance d'informations est le cadet des obstacles, je ne crois pas. Il est à mes yeux l'un des principaux. Et je reviens à mon propos embryonnaire dans mon précédent post : l'abondance tue. Quels sont les moyens de tuer le livre (au niveau de la majorité des gens, j'entends, pas tuer 'en soi')? J'en connais deux : interdire le livre (sujet développé dans ta note) ou hyperdévelopper le livre. As-tu déjà feuilleté un des bouquins pour ados qui circulent et qui font un tabac? J'en ai quelques uns chez moi. Bien sûr, Harry Potter, mais des tonnes d'autres... Les histoires sont géniales, les aventures fantastiques, etc. Mais le langage utilisé? J'aimerai bien qu'un sociologue, si ce n'est pas déjà fait, se penche sur l'évolution du langage dans la littérature... La plupart des copines de ma fille aînée (12 ans) sont incapables de lire "le chien des Baskerville" ou "la case de l'oncle Tom" ou "Les hauts de Hurlevent"... Jules Verne? Inabordable... Pourquoi? Parce que les éditeurs maintiennent un langage "mainstream" (t'es vu, moi aussi j'utilise un mot américain dans ma note ;-D) et accrochent les lecteurs avec ça. C'est tellement mieux que les bouquins où il faut réfléchir. Chercher dans le dico. Chercher... faire des recherches? Beurk. Je veux du tout cuit. Je ne veux rien apprendre, juste passer le temps.

Précision, inutile mais importante : je ne suis pas contre ces bouquins. La preuve, si c'en est une : ma fille en lit. Mais je suis contre le fait qu'on permette au gamins de ne lire que ça, sans ouvrir leurs horizons! Or, c'est ce que la plupart des parents de mon entourage font... Qu'est-ce qu'on met alors dans la tête des gamins? Qu'il n'y a pas d'effort à faire. C'est le livre qui va s'adapter à toi, t'énerve pas... Ah ben moi, je m'énerve, là! Mais c'est - pensé-je - parce qu'on surproduit du livre. Le livre n'est pas, aujourd'hui, une trace de la mémoire, un instrument de mémoire, loin de là! Il n'est que le collecteur de fric de ceux qui ont trouvé le filon. On pond n'importe quel livre pour se faire du blé. Et nous, est-ce qu'on a le choix, lorsqu'on nous dit : vendu à tant d'exemplaires? Ben oui, le choix on l'a, m'enfin je ne vais pas passer pour un con à ne pas lire le dernier Eric-Emmanuel Schmidt alors que plus de la moitié de la France l'a lu! Non mais! Tu vois ce que je veux dire?

"Donc c'est qui, le fanatique ?" Bonne question, et je ne me la pose pas comme ça. Parce que fanatique, dans la langage courant, est un mot neutre, finalement. Tu le remplaces par inconditionnel sans problème. Je me pose plutôt la question de savoir si j'essaye, chaque jour si possible, d'être en accord avec ce que je porte en moi. Et ce que je porte évolue, évidemment. Je ne peut donc pas être exactement le même chaque jour (je ne crois pas à la vertu de la constance). En ce sens, je suis fanatique. Fanatique de Dieu, sans doute, fanatique de la bible, fanatique de ma liberté, fanatique de la lecture d'ailleurs aussi, etc. Mais je n'empiéterai pas facilement sur la liberté des autres. Parce que je suis aussi un inconditionnel de la liberté des autres. Des que j'ai conscience de dépasser mes limites... je sais revenir en arrière (c'est du moins ce que je crois).

Quant au défi (que je préfère au mot challenge, et tu comprends pourquoi, puisque tu l'as mis entre guillemets) de prendre Jésus pour modèle, oui, en effet, c'est un défi très exigeant. Mais c'est le prix de ma liberté, justement. Mais là, on entre carrément dans l'incommunicable ;-D

Cependant, je rectifie : il n'a jamais proclamé vouloir changer toutes les règles. Au contraire. Il venu donner du souffle (de l'esprit) aux règles bien établies, règles du judaïsme, je le rappelle en passant. Il n'a pas brûlé les textes parce que justement, il s'y retrouvait dans ces textes, dans l'esprit de ces textes. Et il n'a rien écrit, mais là je ne sais absolument pas pourquoi et on peut tout imaginer. N'oublions pas toutefois qu'il était dans une culture orale, où le livre était rare et où on l'apprenait par coeur (un enfant juif âgé de 12 ans peut, encore aujourd'hui, après avoir fait le parcours religieux, réciter la Tora!) Les scribes de l'époque, qu'ils soient juifs, grecs ou romains, savaient retranscrire les propos d'un homme plusieurs jours, voire plusieurs mois après le discours. Mémoire, quoi. Ce qui nous manque aujourd'hui.

A cause du livre? Certainement non! Mais la diffusion de tous les livres y contribue. J'en fais le pari devant l"éternité.
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Le mot et l'esprit
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Franz



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Posté: Sam 01 Oct 2011 10:03
MessageSujet du message: Le mot et l'esprit
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Bigre, les amis ! Vous mettez du coeur à l'ouvrage dans vos réponses. On peut vérifier la mémoire impeccable des analphabètes mais le livre et la culture ne peuvent pas être tenus pour responsable d'un appauvrissement intellectuel. La mémoire se travaille comme un muscle du cerveau. L'écriture, quant à elle, est une gymnastique et permet d'échafauder une pensée. La pléthore d'informations ne me semble pas un obstacle à la construction d'un esprit critique. Il me semble que la maîtrise du langage (orthographe, grammaire, conjugaison, etc.) constitue le socle de toute pensée personnelle et constructive. Le livre, quel que soit son niveau, constitue un moyen efficace pour nourrir l'esprit. Finalement, je suis heureux de pouvoir aller faire mon marché au rayon polar, SF, BD, guides de voyage, littérature, poésie, etc. L'abondance me régale. Ceci dit, les réflexions de Laudateur, mâtinées d'Illich et d'Ellul, me paraissent pertinentes.

A vous lire.

Franz
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