Polza Mancini se sent une carcasse grasse et son adiposité rebute d’emblée un des deux policiers de la garde à vue. Mancini a un dossier psychiatrique lourd. Les deux flics vont devoir écouter son histoire afin d’en démêler la bobine délirante. Il leur faut comprendre pourquoi et comment Carole Oudinot en est arrivée aujourd’hui sous coma artificiel et assistance respiratoire. Alors Mancini va prendre son temps et raconter par le menu son émancipation et son errance à la recherche du blast, « l’effet de souffle, l’onde de choc d’une explosion », « un instant en suspension ». La mort du père le délie de sa dernière attache familiale. Il quitte sa femme et part à la dérive dans les rues, buvant à l’excès, s’effondrant sur les trottoirs. Puis il embarque dans un train et atterrit dans une forêt quelque part en France. Il découvre dans une parcelle en régénération un bidonville où les marginaux reproduisent la société qu’ils fuient. Mancini va tenter de renouer avec sa sauvagerie. Lors d’une soûlerie nocturne, il va se mettre à saigner abondamment et connaître un nouveau blast, projeté parmi les moaïs de l’île de Pâques. Frappé de clairvoyance, il va savoir d’instinct comment tailler des pierres, comprenant « les structures chimiques, les lignes de tension, les fissures, les points de rupture, les angles, les veines, les facettes, l’équilibre des forces… ». Son hémophilie va le contraindre à retourner en ville, dans un hôpital pour se faire soigner.
Blast a été conçu au départ par son auteur en cinq volumes. Si Manu Larcenet en connaît les grandes lignes, l’histoire est capable de dévier de sa trajectoire en cours d’exécution et Blast pourrait alors tenir en quatre tomes. Le dessin au lavis en noir et blanc est perforé à deux reprises de dessins d’enfants en couleur lorsque le blast se manifeste. Bien que l’auteur y mette ses tripes et une partie de son vécu, la force émotionnelle inhérente à une telle histoire n’arrive pas à crever la surface. Mancini ne dégage aucune sympathie. L’intérêt majeur de ce premier tome réside dans l’expectative du lecteur. A-t-on affaire à un fou dangereux ou à un homme lucide ? Son discours demeure cohérent. Le blast est l’équivalent d’une illumination, d’un satori ou d’un shoot. Mancini est aussi un personnage du film « Vol au-dessus d’un nid de coucous ». La scène dans l’hôpital en fin de volume est fortement référencée. Il faudra attendre la suite pour savoir si on a affaire à une œuvre forte et durable.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre