Dans les années 50, Nicole est victime d'un viol à l'âge de 14 ans. De plus, elle tombe alors enceinte. A cette époque et dans le milieu conservateur et borné où elle vit, seules les allumeuses se font violer... Elle est donc mise au ban de la société, vivant sous l'opprobre de ses parents et de son entourage. Quant au petit garçon né suite au viol, Ludovic, il est remisé au grenier, privé de soins, d’éducation et d’amour. La situation semble s’améliorer suite au mariage de Nicole avec un veuf plus âgé qu’elle, qui accepte de s’occuper de Ludovic comme s’il était son fils. Mais Nicole voit en Ludovic un rappel permanent du viol qu’elle a subi, et ne parvient pas à s’attacher à l’enfant qu’elle tient pour handicapé mental.
L’histoire est terrible… si terrible que je me suis demandée si c’était vraiment possible que cette histoire se passe réellement. Mais peut-être bien que oui, en se replaçant dans le contexte de la société d'il y a 60 ans, lorsque les préjugés étaient tellement plus forts que maintenant.
Les personnages sont pires les uns que les autres. Les parents de Nicole sont des parangons de bêtise et d’insensibilité ; Nicole, au début une victime, devient aigrie, méchante et égoïste ; Son mari Micho est un peu plus attachant, mais reste un homme faible et lâche ; Mme Rakoff est une frustrée avide de pouvoir. Pas l’un pour rattraper l’autre…
Reste Ludovic, seul personnage attachant de ce livre. Est-il vraiment handicapé mental ? Pour ma part, je n’ai pas réussi à trancher. Il n’est certes pas « comme les autres », mais cela pourrait simplement être lié au manque de soins les premières années de sa vie, cruciales pour le développement d’un enfant. Est-ce que cela aurait été rattrapable s’il avait été correctement pris en charge par la suite ? Je ne sais pas… Et surtout, je ne sais pas ce que l’auteur aurait voulu nous faire penser ! Est-ce volontaire de laisser un flou, ou bien ai-je mal interprété quelque chose ?
Etrangement, bien que les personnages soient si noirs, j’ai eu du mal à porter un jugement sur plusieurs d’entre eux. Si le comportement des parents de Nicole et de Mme Rakoff me paraît inexcusable, ceux de Nicole et de Micho sont plus difficiles à juger. Là aussi, je ne sais pas si Yann Queffélec souhaitait laisser un flou ou si c’est moi qui suis passée à côté de quelque chose.
Quoi qu'il en soit, écrire une histoire aussi noire où le lecteur ne porte néanmoins pas de jugement à l'emporte-pièce sur les personnages est un tour de force.
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