Sfar est un affabulateur de race, et comme pour tous les raconteurs d’histoire, fouler le sentier de la vérité est une question à écarter sans aucun doute.
Raconter les choses comme elles se sont vraiment produites est tellement moche que ça devrait être interdit. Je t’invente une histoire, c’est la moindre des politesses, il fait dire à un de ses personnages, un gitan qui, à un certain point de l'histoire, s'unit à deux jeunes juifs, des ex-étudiants chassés des Rabbins de leurs yeshiva, c'est-à-dire une école où on étudie le Talmud.
Un gitan, deux juifs errants, un musicien klezmer - unique survivant d'un orchestre massacré par des concurrents - une belle jeune fille en fuite d'un mariage arrangé ; ce sont les personnages qui vaguent dans une portion de l'est européen peu avant la deuxième guerre mondiale, personnages avec lesquels Sfar réussit avec quelques allusions précises à raconter beaucoup d'aspects de la vie des communautés juives rurales, de leurs traditions et du rapport, fécond et essentiel, avec la musique.
Pour le faire et réaliser une BD musicale, il se sert de l’improvisation narrative et graphique, comme les musiciens klezmer se servent de la pure improvisation pour accompagner des bals et des mariages.
Une improvisation qui est pensée automatique et dessin rapide, un dessin même confus dans les traits et dans les couleurs couchés approximativement, mais qui donne un charme extrême et de la vivacité au chaos de la sarabande des personnages qu’il raconte. J’ai complètement adhéré.
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