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[Courir avec des ciseaux | Augusten Burroughs]
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ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac


Posté: Mer 21 Juil 2010 12:40
MessageSujet du message: [Courir avec des ciseaux | Augusten Burroughs]
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Avec ce roman, nous faisons la connaissance d'Augusten, jeune garçon de 13 ans, envers qui son père, alcoolique, manifeste la plus grande indifférence, et dont la mère fait partie de "l'espèce des poétesses intimistes psychotiques, une sorte de souche rare de salmonelle" (en bref, elle est complètement déjantée !).
Augusten aime tout ce qui brille, d'un amour qui tourne à l'obsession, qui lui fait lustrer et polir multitude d'objets sur lesquels il exerce ainsi un contrôle rassurant. Il faut dire que l'existence qu'il mène auprès de ses parents, qui passent leur temps à se battre et à se menacer de mort, ne favorise pas l'équilibre et la sérénité...
Ces derniers ayant fini par divorcer, et sa mère le considérant comme une entrave à son élan créatif, elle le confie quasiment à la garde de son psychiatre, le docteur Finch, praticien aux méthodes plus que douteuses, et dont la famille n'a rien à envier à ses patients en matière de bizarreries... C'est ainsi qu'Augusten va vivre son adolescence dans un climat de liberté totale (le docteur estimant qu'à 13 ans, on n'a plus besoin des conseils des adultes pour gérer sa vie), et acquérir, bon an mal an, la maturité nécessaire à son épanouissement en tant qu'adulte.

"J'apprenais donc que les arrangements pratiques de la vie devaient rester fluides, et qu'il ne fallait pas trop s'attacher à quoi que ce soit (...) Les Finch me montraient qu'on pouvait créer ses propres règles, que notre vie nous appartenait et qu'aucun adulte n'aurait dû avoir le droit de la façonner à notre place".

"Courir avec des ciseaux" est un récit cocasse, loufoque, sous lequel pointe néanmoins parfois une certaine amertume. On ressent la difficulté pour Augusten à trouver sa place entre des parents absents et peu préoccupés de son sort, et sa famille "d'adoption" aux habitudes étranges, au sein de laquelle il règne un tel esprit d'indépendance et de permissivité qu'il n'est pas toujours facile de le gérer. Car si l'avantage d'avoir un entourage anticonformiste et libertaire est de permettre à l'adolescent d'assumer sans complexe son homosexualité et de bénéficier d'une totale autonomie, de faire l'apprentissage du libre arbitre, le revers de la médaille est qu'il vit des expériences qui paraissent totalement décalées par rapport à son âge, notamment sur le plan sexuel. Rien d'étonnant ensuite à ce qu'il ne parvienne à s'intégrer dans un milieu scolaire où sa différence et son étonnante maturité détonnent parmi des élèves "normaux" qu'il ne supporte pas!

L'adolescence d'Augusten est finalement assez représentative (même si c'est parfois jusqu'à la caricature) de l'ambivalence liée au refus de toute contrainte et de toute règle professé dans ces années 70. Il se voit offrir la propre maîtrise de ses besoins, de ses désirs, mais il lui manque ce dont tous les enfants ont besoin : l'affection, et l'attention de la part de ses parents. Cette carence le rend vulnérable et à la merci de certains adultes qui en profitent, "parce que n'importe quelle sorte d'attention vaut mieux que pas d'attention du tout".

Et le narrateur exprime d'ailleurs lui-même clairement ce paradoxe : "Nous possédions un trésor : la liberté. Personne ne nous disait qu'il était l'heure d'aller au lit. Personne ne nous disait de faire nos devoirs. Personne ne nous disait que nous ne pouvions pas boire deux packs de Budweiser pour ensuite aller vomir dans la machine à laver.
Alors, pourquoi nous sentions-nous à ce point prisonniers?"


Cependant, même lorsqu'il évoque des des événements graves, Augusten Burroughs ne donne jamais l'impression de se prendre vraiment au sérieux, et son sens de la dérision m'a permis de passer avec ce roman un moment fort réjouissant.


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Auteur    Message
Brujula




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Posté: Sam 07 Aoû 2010 1:30
MessageSujet du message:
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J'ai lu ce roman, en VO, il y a quelques années (c'était un ring, sur bookcrossing). C'est vrai que le ton est humoristique. Mais les choses décrites sont de l'ordre de la négligence, voire de la maltraitance. Je pense d'ailleurs que ce "roman" est, du moins en partie, autobiographique...
Sa lecture m'avait mise très mal à l'aise, mon âme de pédiatre était révoltée et écoeurée. Et je ne me souviens pas avoir beaucoup ri en le lisant...

édité pour ajouter le lien vers les JE du ring (en anglais)
http://www.bookcrossing.com/journal/1292017

(et en relisant ce que j'avais écrit, je vois que mon souvenir correspond assez à l'impression que j'avais en finissant le livre, un mélange d'incrédulité, de pitié, d'horreur et de dégoût, mais certainement pas de l'amusement)
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