La géopoétique est un concept élaboré par le poète écrivain écossais francophone Kenneth White. Trois de ses conférences tenues en 2005 et 2006 ont été rassemblées dans un fascicule édité par l’Atelier du héron, association bruxelloise affiliée à l’archipel géopoétique international dont le centre de gravité se situe à Trébeurden dans les Côtes d’Armor, sur la façade atlantique.
La thématique abordée s’articule autour de la géopoétique et des sciences humaines. Rôdé à l’art oratoire, l’auteur écrit très bien ses interventions orales et leur lecture a posteriori permet de retrouver et de s’attarder sur les définitions de la géopoétique. Théorie transdisciplinaire pouvant être appliquée à la littérature, à la poésie, à la géographie et plus globalement aux arts et aux sciences, la géopoétique se caractérise par « la faculté de lire dans les choses et de faire des connexions » afin de « faire surgir et composer » un monde né du « contact entre l’esprit humain et la Terre ». Le rapprochement se doit d’être « intelligent, sensible, subtil ».
Le poète s’est ancré sur la côte armoricaine, au mitan d’un arc atlantique courant du Portugal aux îles écossaises afin de l’arpenter, de le comprendre, d’y travailler en accord avec « la puissance du lieu ». Sachant « évoluer dans le dehors », le poète s’harnache et creuse le territoire pour en révéler les harmonies sauvages et complexes avec seulement « un peu de savoir hydrographique, géologique, zoologique, linguistique ». « En examinant la roche locale, on peut entrer dans l’orographie du monde. »
Volontiers évasif, Kenneth White ne fournit aucune méthode pour « trouver le lieu et la formule ». Il renvoie à son propre corpus tel son essai intitulé Le plateau de l’albatros ou encore les Cahiers de géopoétique [6 n° parus à ce jour]. Des auteurs sont cités, des exemples donnés, des critiques avancées et la géopoétique se dessine en négatif à partir de ce qu’il ne faut pas être et faire. Pour le poète, le monde où vivre « est une rencontre d’éros (énergie vitale), de logos (parole dense et intense) et de cosmos (belle vitalité). »
Ces conférences mettent en appétit mais laissent le lecteur sur sa faim.

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