Gros pavé, monumental, dont je ne voyais plus la fin (mais il faut dire que j'ai été dérangée tout le temps, ces dix derniers jours).
Je me piquais de savoir ce qu'était le marxisme, faute de connaître Marx, "forte" de trois petites années de sciences économiques et je me rends compte que je me serais couverte de ridicule en le prétendant. Ce qui me console, c'est que bon nombre de mes contemporains, à l'heure où le communisme est ringardisé par la pensée unique en vertu de la chute du mur de Berlin, doivent l'être aussi... !
Qui se serait douté à quel point les théories originales ont été détournées ? L'auteur souligne que les concepts laissaient parfois une zone d'ambiguité propice à un détournement, qui fut opéré, notamment pour la Russie.
J'ignorais également quelle personne extraordinaire était Marx, ni qu'il était une sorte d'encyclopédiste, scientifique, tellement terrifié à l'idée de traiter un sujet qu'il ne connaissent pas entièrement qu'il s'efforçait à l'exhaustivité des sources avant même d'oser une ligne ! Inutile de dire que sa santé, qui ne devait pas être bien florissante, n'y a guère résisté. Je n'ai pu m'empêcher de rester bouche bée en lisant certaines prévisions qui étaient vraiment prophétiques.
Autour de lui, une hécatombe : perte des seuls membres de sa famille dont il se sentait proche (son père et son frère), la moitié de ses enfants sont morts de maladie à cause de la vie misérable qu'il a fait mener à sa famille, et aucun de ses petits-enfants n'a survécu. Ce qui m'a horriblement choquée est de découvrir que Marx n'a jamais voulu travailler autrement que par ses écrits et qu'il n'a jamais eu le moindre scrupule à vivre aux crochets d'Engels, l'ami de toujours, ni à dépenser sans compter dès que les choses s'amélioraient... Certes, s'il avait dû pointer à l'usine soixante heures par semaine, il n'aurait pas été le penseur phénoménal que nous connaissons (mal) mais bon... !
Pour le reste (le détail de ses idées), le résumé de l'éditeur, qui se trouve à côté de mon compte-rendu, en donne une idée fiable.
PS : ce résumé de l'éditeur :
Citation:
Alors que le mur de Berlin est tombé et qu'ont disparu presque toutes les dictatures se recommandant de Karl Marx, la lumière doit être faite sur l'extraordinaire trajectoire de ce proscrit, fondateur de la seule religion neuve de ces derniers siècles. Aucun auteur n'eut plus de lecteurs, aucun révolutionnaire n'a rassemblé plus d'espoirs, aucun idéologue n'a suscité plus d'exégèses, et, mis à part quelques fondateurs de religions, aucun homme n'a exercé sur le monde une influence comparable à celle que Karl Marx a eue au XXe siècle. Il a vu avant tout le monde en quoi le capitalisme constituait une libération des aliénations antérieures, il ne l'a jamais pensé à l'agonie, il n'a jamais cru le socialisme possible dans un seul pays, il a fait l'apologie du libre-échange et de la mondialisation, et il a prévu que la révolution ne viendrait, si elle advenait, que comme le dépassement d'un capitalisme devenu universel. Il est le premier penseur " mondial ", porteur de l'" esprit du monde ". Ce livre permet de comprendre comment ce jeune exilé allemand a pu rédiger à moins de trente ans le texte non religieux le plus lu de toute l'histoire de l'humanité, de révéler ses rapports singuliers avec l'argent, le travail, les femmes ; de découvrir un grand journaliste, un exceptionnel pamphlétaire, un immense théoricien ; de suivre un homme d'action orgueilleux et dictatorial. De réinterpréter ce XIXe siècle dont nous sommes les héritiers et de comprendre comment certains de ses successeurs ont créé nos démocraties pendant que d'autres, récupérant et distordant ses idées, en ont fait la source des deux principales barbaries de l'histoire moderne. De réaliser enfin qu'aujourd'hui, au moment où s'accélère la mondialisation, qu'il avait prévue, Karl Marx redevient d'une extrême actualité.
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