[Les hommes en général me plaisent beaucoup | Véronique Ovaldé]
Les romans de Véronique Ovaldé se dégustent comme des bonbons à la saveur acidulée qui par moments virent à l'aigre... à moins que ce ne soit le contraire, comme si vous mangiez un aliment aigre que l'on aurait sucré pour mieux le faire passer !
Toujours est-il que ses histoires me donnent le sentiment d'être enrobées d'une candeur poétique dont le but serait d'adoucir une abrupte et sordide réalité, mais il en émane aussi, paradoxalement, une sorte de lucidité et de spontanéité aux accents enfantins, de celles dont seuls les êtres extrêmement sincères et sensibles peuvent faire preuve.
Les événements vécus par ses personnages sont souvent tragiques et traumatisants. Dans "Les hommes en général me plaisent beaucoup", l'héroïne, Lili, a entre autres eu un père néo-nazi paranoïaque et complètement cinglé, et a fait de la prison, pour des raisons que le lecteur appréhendera peu à peu. Quant au drame de Rose, l'adolescente de "Déloger l'animal", c'est que sa maman a brutalement quitté le foyer conjugal pendant que sa fille se trouvait à l'hôpital après s'être jetée par la fenêtre.
L'un des points communs à ces deux protagonistes est qu'elles se retrouvent orphelines de mère, et que cette perte va profondément bouleverser leur vie. Démunies, perturbées par la difficulté à se construire une personnalité de fille ou de femme, elles vont, chacune à sa façon, édifier toute une série de repères pour tenter de stabiliser leur existence et surtout de se trouver une identité. L'une réinventera l'histoire de la rencontre entre ses parents, puisant dans ses fantasmes romanesques une justification à l'abandon maternel et la force, peut-être, de lui pardonner. L'autre s'investira corps et âme dans une relation incongrue avec un homme au physique éléphantesque (elle-même n'étant alors âgée que de 15 ans !)
Il est facile de se laisser emporter par les récits de Véronique Ovaldé, par ses descriptions joliment imagées, cette façon de dévoiler doucement les secrets et les zones d'ombre de ses personnages, et de placer ces derniers juste sur la frontière séparant la folie de la simple marginalité. Car le moins que l'on puisse dire, c'est que ses héroïnes ne sont pas comme les autres ! Peu préoccupées des questions de morale ou de bienséance, elles sont intensément à l'écoute des aspects souterrains de la vie cachés sous le fard des apparences, vers lesquels elles s'aventurent parfois un peu trop loin... Elles sont comme des princesses un peu décalées et méconnues, à qui l'auteure aurait fait don d'un langage magique pour les aider à affronter un monde de cruauté et de désillusions.
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