Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien) a le mérite d'avoir un titre explicite : il s'agit bien de trois hommes dans un bateau avec un chien. Le narrateur et deux de ses amis, exténués par la vie trépidante du dix-neuvième siècle où tout va de plus en plus vite et où l'on n'a plus le temps de profiter de rien, décident de prendre des vacances et de remonter (ou descendre ?) la Tamise en bateau.

Ce voyage et les préparatifs qui le précèdent est le prétexte à toute une série d'anecdotes humoristiques très réussies et très fines. Elles traitent à la fois du voyage lui-même et des différents incidents qui le ponctuent, mais également d'une variété de sujets liés à la vie de la bonne société anglaise de l'époque, que le narrateur relate quand tel ou tel événement lui y fait penser.
Le comique est souvent fondé sur le décalage, le narrateur racontant en toute bonne foi son anecdote sans se rendre compte que sa conduite peut prêter à rire. D'autres sont fondées sur son incapacité à se mettre à la place des autres, comme lorsqu'il a l'impression d'être le seul à travailler à bord du bateau et qu'il n'en revient pas quand ses amis se plaignent qu'il ne fait rien. À chaque fois l'effet est très réussi.

Malheureusement, les parties humoristiques sont entrecoupées de description touristiques (il parait que le livre devait être au départ une sorte de guide de voyage) auxquelles je n'ai pas trouvé beaucoup d'intérêt. Je connais très mal la géographie anglaise, et je n'ai pas eu le courage de m'accrocher pour essayer de comprendre où étaient les différents endroits décrits, et au final ces passages m'ont glissé dessus et m'ont ennuyée.
À d'autres moments il y a des passages lyriques dont je ne sais pas s'ils sont censés être ironiques ou pas ("Ah, la lune, les étoiles ! Comme on se sent insignifiant quand on les regarde, et comme elles vous font sentir comme un petit enfant qui se couche près de sa mère quand vous les regardez avec une lourde peine dans le cœur !" ou autres envolées du même genre). Je les ai trouvé assez lourds globalement.

Au final, cela fait un curieux mélange entre scènes comiques et bien rythmées et passages plus lents et moins intéressants. Comme le livre se lit vite, je dirais que ça vaut le coup de le lire en passant rapidement sur les passages ennuyeux, car les passages humoristiques valent le détour.

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Deux vagues souvenirs issus des brumes de mon enfance (ou prime adolescence? - impossible de dater):
1° la lecture d'une encyclopédie médicale révèle à l'un des héros qu'il est atteint de toutes les pathologies - toutes, sauf le genou de la lavandière! (C'est là que j'ai appris le mot "hypocondriaque");
2° l'eau de la bouilloire ne bout jamais tant qu'on la garde sous les yeux et déborde instantanément dès lors qu'on détourne son regard! (Une vérité qui ne s'est jamais démentie depuis, dans toutes mes expériences culinaires).
La leçon que je tirai de cette lecture, et qui me sert toujours: le voyage lent est le meilleur acte gratuit à vocation cathartique.

Oui effectivement , j'ai beaucoup aimé le coup de la bouilloire qui ne bout jamais !