[Sur le blabla et le chichi des philosophes | Frédéric Schiffter]

Les réflexions sur la philosophie et sur l’existence marquées au sceau de la mélancolie que mènent Frédéric Schiffter, lui-même professeur de philosophie en classes terminales, à Biarritz, la « capitale de l’ennui », se défendent des carcans et des systèmes. Dans un monde de ressentiment, le blabla est un écran de mots sur un fond flou dont use le rhéteur pour convaincre le "ressentimenteux" ; le chichi est une posture que prend un individu pour contrecarrer son idiotie c'est-à-dire sa singularité et par là même sa quasi insignifiance. Il n’y a qu’une vie ici-bas et rien ne tient la route bien longtemps. Ecrire de façon brève et concise, sur le modèle de l’aphorisme, reste la visée intellectuelle et littéraire de l’auteur. La brièveté de l’écriture se trouve ainsi au diapason de la fragilité de la vie : « Vivre c’est faire bref et un essai, sur ce point, doit imiter la vie ». Le désœuvrement qui habite en permanence l’esprit de l’auteur enfante un abattement physique. Atteint par le haut mal, les crises d’épilepsie qui le secouent lui apportent alors la mort sur un plateau : « Le haut mal a fait de moi un intermittent du néant ». Lucide, sensible et lassé de regarder ses semblables « traîner le poids de leurs désirs sans objet », il se réfugie dans son bureau pour opposer « au monde une fin de non-percevoir ». L’essai de Frédéric Schiffter est souvent brillant par sa clarté. De belles formules ailées, véritables flèches noires, font mouche. On aimerait lui dire qu’il n’est pas seul dans ce bateau, mené par les vents conjoints de la déréliction et de la vacuité mais cela ne retirerait rien au désespoir qui l’habite en permanence.

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

 Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre

Décidemment Franz.... Ta note de lecture sur le livre de Frédéric Schiffter arrive à point pour entrer en résonnance avec mon désir de lire cet auteur, et plus précisemment son dernier ouvrage "Le Bluff éthique". ET comme le dit joliment Christian Godin dans "Marianne",:"Frédéric Schiffter n'est pas de ceux qui se contentent d'un filet d'eau tiède en guise de douche". Cela augure de bonnes et saines lectures... car dans notre monde d'apparences et de chiqué tous les "dessilateurs" sont les bienvenus...

Bonjour amiread1 et merci pour ta réaction.

C'est vrai ! On doit naviguer tous deux dans les mêmes eaux, à quelques encâblures près. Nos lectures se recoupent souvent. Il faut dire aussi que la marche à pied induit un certain regard sur le monde. On s'en laisse probablement moins compter quand on a l'habitude de compter sur soi. Je parle de la marche hors des chemins balisés, avec bivouac à la clé.

J'attends ta note de lecture sur le Bluff éthique. Schiffter écrit bien. Sa pensée est ramassée et son style est lapidaire. On ne s'ennuie pas.

Bonne lecture et à bientôt.

Franz

Merci mamoune pour le conseil.

C'est vrai que le lien créé par le "Réseau social" est intéressant mais il ne constitue qu'un indicateur. Par exemple, le fait de rédiger ou non une note de lecture peut induire des variantes conséquentes. On peut ainsi dresser une liste sans fin de livres sans donner son avis et harponner quantité de lecteurs sans que les atomes ne soient forcément crochus pour autant. L'appréciation portée par un lecteur sur un livre lu est déterminante ainsi que les échanges éventuels avec d'autres lecteurs. Avec amiread1, je dois avoir trois livres en commun, ce qui peut paraître peu mais nous avons souvent discutés ensemble et les terrains d'entente s'affichent dans les non-dits.

Enfin, c'est ce que j'en dis. Je dis ça, je dis rien.

Bonne soirée mamoune.

Franz

Ah oui en effet maintenant que tu le dit ça me parait beaucoup plus clair.....je n'avais jamais considéré "la chose" sous cet angle
tu as donc bien fait de ne rien en dire!!

C'est là, dans le dit et le non-dit et ce que tu en dis que je perçois ton sens de l'humour. On pourrait amorcer un sketch dans l'esprit de Raymond Devos et patiner agréablement dans l'absurde des mots et des idées.

Bonne journée.

Franz

Bonsoir à tous les deux. Une semaine d'absence et HOP, les messages fusent et pétillent...
Franz,tu as mis le doigt (ou tu as soulevé le lièvre), sur notre connivence littéraire-je crois ; nous sommes des marcheurs. Des gens, des mecs, des personnes, qui arpentont la Terre ; on recrée le paysage à chaque pas, on rumine, on rumine (Michel Onfray dit la même chose de Nieztche, grand marcheur devant l'éternel...). Alors pourquoi s'étonner que Mathiessent,Bouvier,Trassard,Chatwin, soient nos aliments quotidiens?

Et en plus quand on marche (mais vraiment MARCHER, pas comme les promenades du "dimanche"), on est adepte de la Lenteur. Nous essayons de nous "fondre" dans le paysage , et l'on ressasse, digérons, ruminons, disséquons, tout en s'esbaudissant sur le vol d'un faucon crécerelle ou sur l'éclat du soleil couchant sur une pelouse calcaire (dont nous savons qu'elle abrite une grande diversité biologique... )

Mon livre de chevet: "Chemin faisant " de Jacques Lacarriere ; tu connais Franz ?

Ceci dit , et pour répondre à Mamoune (lien social), les affinités transcendent les opinions et les gôuts. Avec Laudateur je n'ai que très peu de "points" communs (voir nos échanges...) et pourtant je crois qu'il est un des meilleurs "animateurs du "club" ; et finalement seuls comptent échanges et partages, peu importe le socle dur de nos croyances (...si nous sommes capables de s'ouvrir aux autres, mais dans l'Agora des ..., je pense que cela va de soit...!!);

Bonne soirée à tous deux.

Tiens, je viens d'aller excursionner dans le "lien social" de ma bibliothèque ; c'est vrai que , comme le dit Franz, j'ai peu de livres en commun avec lui... mais avec Mariecestout par contre... à ce propos que devient-elle???

C'est marrant ! Avec amiread1 j'ai 3 livres en commun mais avec mariecestout, j'en ai un paquet qui en a elle-même beaucoup en commun avec amiread1. Elle constitue un pivot pour nous. Marie, ne cesse rien et revient parmi nous, stoplaît !

Oui amiread1, je connais Jacques Lacarrière et son oeuvre : "Les hommes ivres de dieu", "Chemin faisant", "L'été grec"... Comme toi, j'ai beaucoup aimé ce "Chemin faisant" dont le titre provient de la fable de La Fontaine, "Le loup et le chien" que j'ai souvent déclamée en marchant : "Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé..." Je pense toutefois qu'il y a confusion entre l'auteur et la marche. Lacarrière est pour moi un homme de souche, enraciné dans son terroir bourguignon, à Sacey si je me souviens bien. La marche n'a été qu'une expérience fugace et jamais renouvelée. Cela n'exclut pas la pertinence de son livre et son écriture tout en rondeur, en plein et délié, avec des adjectifs joufflus et des tournues aériennes, me procurait un plaisir quasiment physique à la lecture. J'ai moins de considération pour l'homme que j'ai approché à plusieurs reprises mais cela ne m'empêche pas de regretter sa disparition brutale. Je guettais tout ce qu'il écrivait et disait. Pour moi, le grand livre de l'errance reste "Une saison en enfer" d'Arthur Rimbaud auquel je greffe sans vergogne "Les illuminations". Ces deux ouvrages concentrent pour moi tout ce que la langue française portée à l'incandescence peut offrir de mieux. Je les ai souvent portés dans mon sac à dos. Même si je ne les ouvrais pas, ils étaient là et me portaient bonheur.

Bonne semaine.

Franz

Salut à vous,

Ca faisait un moment que je ne m'étais pas rendu dans le labyrinthe de l'agora, pour diverses raisons.
Et donc je suis en train de faire mes mises à jour, en regardant les notes des bouquins dont le sujet m'intéresse à priori.
Donc, pour finir avec cette intro, je lis vos notes et remarques, et je suis touché par le commentaire d'Amiread.
C'est vrai que nos croyances / opinions divergent, mais que nous sommes capables de nous ouvrir à l'autre, non pour adhérer à son système de croyances, mais pour comprendre. Et j'ai bien l'impression que ce sont des dispositions qui manquent à notre société : accepter l'autre dans son intégralité, sans forcément accepter ses idées. Le concept de tolérance me fait gerber lorsqu'il s'agit de dire que "toutes les idées se valent". C'est tout au plus de l'indifférence. Mais si la tolérance c'est accepter que l'autre ne voie pas comme nous, eh bien alors, j'aime la tolérance, et je la retrouve ici, sur l'Agora.
Merci en tout cas pour ton commentaire qui m'a, je le redis, beaucoup touché.

Il y a bien longtemps, j'avais rencontré (mais pas sur du virtuel) un homme qui habitait Chateaudun. C'était il y a longtemps (j'avais 20 ans, lui était beaucoup plus vieux que moi - genre 70 ans), et c'était à l'époque où j'étais entré à la fédération anarchiste. Ca me fait drôle quand même tout ça.

Allez savoir pourquoi je vous raconte ça. La fatigue, peut-être
Bonne soirée.