Faut-il emboîter le pas lent et la lecture suspendue de L’Homme qui marche ou bien fuir à grandes enjambées la bande dessinée de Jiro Taniguchi ? La réponse n’est pas évidente. Il y a d’abord le dessin clair, lisible, parfaitement architecturé du talentueux Taniguchi. Le plaisir visuel est dans chaque case, chaque planche, dans le déroulement limpide des déambulations rêveuses du promeneur. L’ennui est de tous les instants, dans l’accumulation des courts chapitres où l’absence d’un scénario, d’une histoire qui se tient, fait défaut.
Dans la banlieue de Tokyo, un couple vient d’emménager. De menus événements décillent le regard amoureux du citadin en goguette. Observer les oiseaux, voir la neige tomber, gonfler un ballon, grimper sur un arbre, nager, barboter, sentir les pétales du vieux cerisier… et rêvasser indéfiniment comme dans un perpétuel état d’enfance. Tout cela mis bout à bout peut sembler profondément bête et amener le lecteur, en état de narcose, à plonger dans un puits sans fond de niaiseries amassées. Cela peut aussi se voir tel un poème visuel avec des scénettes comme des haïkus mis en images. Taniguchi dénote dans le manga. Chacune de ses productions n’est jamais anodine. Des thèmes récurrents structurent son œuvre et L’Homme qui marche en constitue un jalon qui reste plaisant à lire.

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