[Mourir n'est peut-être pas la pire des choses | Pascal Dessaint]
Etre ou ne pas être au coeur des choses, telle est la mise en question qui torture les protagonistes du roman de Pascal Dessaint, "Mourir n'est peut-être pas la pire des choses". Activistes écologistes, conscients des désastres en marche, malmenés par la culpabilité, les "merveilleux amis", Marthe, Simon, Cédric, Jérômine, Suzanne (rebaptisés respectivement pour la circonstance en Thurnton -transfuge de Greenpeace-, Bonobo -singe humain-, Pasko -officier et journaliste russe-, Viola -variété de violette-, Diane -Fossey, primatologue) ont décidé de monter un commando pour sauver les batraciens du bétonnage de leur marais. L'opération tourne au désastre... humain.
Le roman noir débute pourtant par le meurtre ritualisé de Viola (Jérômine Gartner), à Toulouse, en juin 2000, nue, avec sept grains de riz et sept fragments de métal dans l'oesophage. Le capitaine Félix Dutrey enquête. Selon les Lissous, peuple montagnard de l'Himalaya, les grains de riz nourrissent les esprits pendant le voyage du mort et les fragments d'argent permettent de franchir les péages ainsi que le droit d'entrée au pays des morts.
L'affaire ressemble tout d'abord à un imbroglio car les chapitres fragmentent l'histoire en donnant successivement la parole à chaque personnage (Félix, Bonobo, Suzanne, Marthe, Félix...), et en slalomant entre le passé et le présent. L'écriture limpide et le style direct de l'auteur concourent cependant à la lisibilité du récit. Le lecteur ne perd pas le fil et finit par relier le patchwork. L'intrigue et le propos sont suffisamment forts pour piéger l'attention. On ne lâche pas facilement le roman. Le livre offre matière à réflexion tel cet échange entre Suzanne, aux Philippines et Marthe, en France : "(depuis son camp de base dans la forêt vierge) ...vingt minutes suffisent aujourd'hui pour rejoindre la civilisation alors que trois bonnes heures étaient nécessaires il y a seulement deux mois." Dans sa page de remerciements, Pascal Dessaint rappelle qu'en 2000, le premier primate a disparu ainsi que le bouquetin des Pyrénées dans l'indifférence générale. Un quart des espèces animales pourraient disparaître d'ici 2025 et "L'homme n'est qu'un animal parmi d'autres." Son tour arrivera. Voici venir tranquillement une apocalypse sournoise et pernicieuse.
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