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[La chair est triste hélas | Ovidie]
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apo



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Posté: Sam 18 Mai 2024 8:28
MessageSujet du message: [La chair est triste hélas | Ovidie]
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Ovidie – alias Éloïse Delsart (1980) – autrice et réalisatrice, ayant une expérience de travail pornographique, docteure ès Lettres avec une thèse intitulée : « Se raconter sans se trahir : l'autonarration à l'écrit et à l'écran » (2020), sous le titre de cet ouvrage très évocateur (et un peu prétentieux) tiré du premier vers du poème « Brise marine » de Stéphane Mallarmé, livre ici les circonstances de son refus de la sexualité hétérosexuelle, « grève du sexe » avec les hommes conduite depuis quatre ans. « Ce texte n'est ni un essai ni un manifeste. Il n'est en rien une leçon de féminisme ni un projet de société. Tout au plus est-il un exutoire, un texte cathartique en écriture automatique, un discours de colère et de désespoir, où l'affect amorce la réflexion. Je l'ai pensé comme une série d'uppercuts dans le vide, une gesticulation vaine, les babines retroussées d'un animal blessé qu'on n'ose aider à se relever. » (Incipit). Avant d'être un témoignage, il est cependant d'abord un réquisitoire plein d'acrimonie et de haine contre les hommes dans l'exercice de leur sexualité hétérosexuelle, et contre les femmes dans l'aliénation consentie, la servitude volontaire, la violence et l'humiliation acceptées qu'implique la leur. La dénonciation féministe du coût de la séduction pour les femmes est désormais assez connue. Ce qui touche émotionnellement le lecteur, cependant, c'est la valeur du ressenti personnel à l'égard de la douleur de cette sexualité désormais refusée. Et devant ce ressenti, je fais un pas de côté dans la rédaction de cette note de lecture, me sentant gêné à exprimer ce qui serait de près ou de loin un jugement de mérite, et je décide de passer à l'adresse personnelle. Je serais extrêmement heureux et honoré si par chance l'autrice prenait connaissance de ce qui suit.
Chère Ovidie,
Vous me prenez à partie très brutalement, car je suis un homme hétérosexuel. Sachez cependant que je ne me reconnaît absolument pas dans les hommes qui ont croisé votre chemin. Sans prétendre faire partie de ces « hommes 'bien' dont on [vous] vante tant les mérites […] » me sentant néanmoins proche de « l'allié, l'homme déconstruit, celui qui, au passage, se croit au-dessus de la mêlée, fier de ne pas ressembler à tous ces "porcs" » (p. 37), je viens vers votre texte avec un sentiment d'empathie. D'abord, un moment, je me suis demandé avec inquiétude combien votre expérience était représentative de celle des femmes qui nous entourent. Puis, devant votre lucidité et votre sincérité désarmantes, j'ai songé à votre démarche autobiographique et à l'ambition suprêmement louable de ne « pas se trahir » : la vérité de votre parole, je l'ai mise en relation avec votre récit, qui m'a paru dès lors totalement limpide. Une femme de quarante ans n'ayant plus envie d'être nouvellement mère – l'ayant été à un âge assez précoce – ni d'avoir une figure paternelle pour contribuer à élever son enfant ; disposant de satisfactions intellectuelles, sociales et financières grâce à sa carrière, affranchie donc sans doute de nombreuses insécurités ; une femme en partie immunisée contre la mythologie de l'amour romantique par un exercice précoce de la sexualité pornographique, entraînant conséquemment la possibilité d'une réflexion approfondie sur les mécanismes et les enjeux de la sexualité tout court ; une intellectuelle aguerrie à manipuler le paradigme féministe et les outils théoriques des sciences humaines ; cette femme peut se permettre, sous un discours qui de premier abord ne semble que cynique et véhément, de toucher des consciences par la simple vérité de son propos, au-delà de la question de la représentativité.
Ensuite, à partir du surgissement de la question des carences affectives et émotionnelles, de ce qu'on pourrait appeler techniquement l'alexithymie qui me paraît être la vôtre, à partir du moment où vous introduisez le personnage de la psy, moment ayant pour point culminant le récit de votre frère et de son suicide lié à un amour déçu, mon empathie est montée d'un cran, à un niveau supérieur. Vous écrivez des pages absolument touchantes sur l'amour (à partir de la p. 123), dans un chapitre qui se termine par un désespoir communicatif : « Vous voyez bien que c'est strictement impossible » (p. 135). Et là, je vous ai effectivement suivie dans votre identification (portant de nouveau un peu prétentieuse) avec Nelly Arcan, qui occupe une place tout à fait prééminente dans mon panthéon personnel...
De la question de la représentativité, ensuite de l'invite in pectore à penser que vous devriez reconnaître aussi chez certains hommes des conclusions assez proches des vôtres concernant les ravages du patriarcat sur la sexualité notamment hétérosexuelle, ma pensée vous a désormais rapprochée à une personne qui me tient immensément à cœur qui, je crois, vous ressemble, et qui, je crains, est probablement destinée à vivre un parcours comparable au vôtre dans sa vie amoureuse et sexuelle (à une génération près).
Ovidie, votre texte vous a servi d'exutoire, dites vous. Sa publication par Vanessa Springora, comme ouvrage inaugural de sa nouvelle collection a servi à d'autres fins, naturellement, sans doute très louables. Voilà que vous pouvez ainsi apprendre, le cas échéant, ce à quoi a servi votre « fureur qui [vous] embrase et [vous] consume » à un pauv'bougre hétérosexuel, strictement monogame, ayant toujours eu la séduction active et passive en horreur, sans doute piètre amant mais très amoureux de son épouse depuis bientôt un quart de siècle et qui affirme solennellement n'avoir rien à se reprocher...



Cit. :


1. « Avec cette grève du sexe et ce début de quarantaine, je ne peux m'empêcher d'interroger sur ma valeur sociale en tant que femme. Car ce qui détermine la cote d'une femme dans notre société, c'est sa baisabilité, effective ou symbolique. On croit que le rôle assigné aux femmes est d'abord de devenir mères. Puis de devenir des 'working mums' accomplies. C'est d'ailleurs cocasse, sur les réseaux sociaux, ces internautes qui se définissent comme "mompreneures" dans leur bio. Quelle hypocrisie, quand on sait qu'au fond notre rôle de femme hétéro est en premier lieu d'être baisable et de tirer profit de cette baisabilité. Non pas par de l'argent liquide, mon Dieu non, quelle horreur, cela ferait de nous des putains. Et la société déteste les putains, leur lucidité nous insupporte, parce qu'elles savent depuis longtemps ce que nous refusons de voir : que l'hétérosexualité est un travail gratuit. Oui, nous, hétérosexuelles, sommes des putes gratuites, que nous nous vendions à un seul homme ou à la masse. Nous refusons catégoriquement les transactions en cash, qui sont un peu trop honnêtes, trop contractuelles, sans enrobage. Il nous faut des roses et de l'amour. Vous comprenez, il est impératif de faire perdurer cet immense mensonge selon lequel les relations affectives ou sexuelles seraient désintéressées. Or, je le dis haut et fort, l'hétérosexualité n'a rien de gratuit, c'est un système purement vénal, et depuis que le monde est monde, les femmes échangent le sexe contre quelque chose. Des biens matériels, de la sécurité, de l'amour, de la revalorisation. Elles ne baisent jamais totalement gratuitement avec les hommes et ce pour une simple raison : les hommes hétéros baisent mal. » (pp. 22-23)

2. « Je n'en peux plus d'être une matière à pétrir, à modeler sans fin, de faire de mon corps entier un sexe à convoiter. Au fond, durant ces longues années, je n'ai pas aspiré à être belle dans l'absolu, ni même belle selon mes propres goûts, mais uniquement belle à leurs yeux, selon leurs critères d'excitation. Si encore la servitude se limitait à la beauté... Mais être belle ne suffit pas, il faut surtout être bandante, comme si l'érection était le pôle d'orientation de notre existence. Nous sommes tyrannisées par notre quête désespérée et obstinée d'être au cœur du désir des hommes. Et cette quête est délétère, car elle nous condamne à n'être définies que par l'axe d'un désir extérieur, et à nous entre-jalouser. Je ne veux plus de ce rapport destructeur aux autres femmes. Je veux me réjouir de leur beauté et de leur réussite, qui ne me retirent rien. Je ne veux plus être obsédée par la rivalité, m'imaginer que le seul moyen de me distinguer des autres est d'exceller dans la soumission à ces diktats quitte à me laisser aliéner. Et j'attends le jour où nous prendrons enfin collectivement conscience qu'on nous divise pour mieux nous soumettre, où nous jetterons aux ordures nos gélules mange-graisse, nos escarpins qui font saigner les pieds et nos tangas qui nous rentrent dans la raie du cul. » (pp. 34-35)

3. « La difficulté consiste justement à reprogrammer ses fantasmes. Quand on a toujours fait de soi un objet, comment fantasmer sur autre chose que le simple fait d'être désirable ? Car c'est cela que l'auto-sexualité apporte, une forme d'autarcie, de plaisir en circuit fermé, on ne peut compter que sur soi. Lorsque le folklore de la superputain a disparu, que reste-t-il ? Les premiers mois, c'est facile, il suffit de penser à ce qui a toujours marché, de suivre sans trop réfléchir sa petite routine masturbatoire. Mais il arrive un moment où on parvient enfin à se libérer de ses représentations, à se désintoxiquer de l'hétérosexualité, et où les anciens fantasmes ne fonctionnent plus. Quand on arrête le sexe, ce qui nous déclencherait un orgasme en quelques minutes, voire en quelques secondes, nous laisse à présent de marbre : c'est notre façon de désirer qui change. Il nous faut alors reconstruire notre imaginaire. Pour ma part, pendant ces rituels solitaires, j'ai fini par ne plus penser qu'à des femmes ou à des hommes transgenres. Et là, dans cet espace mental qui n'appartient qu'à moi, je me sens maintenant libérée d'un poids.
Me masturber en pensant aux hommes, je trouve que c'est encore leur faire trop d'honneur. » (pp. 46-47)

4. « Depuis #MeToo, nous errons dans un champ de ruines et nous nous demandons de quelle façon recommencer à faire l'amour. Tout l'enjeu de notre époque est de reconstruire une hétérosexualité qui ne soit plus hétéronormative, qui ne nous enferme plus dans des rapports de domination. Pour la génération de ma fille, entrée dans l'adolescence en pleine émergence du mouvement, les notions de consentement sont intégrées, elles n'ont rien de nébuleux ni de "gris", là où ma génération n'a pas encore les idées claires et où les hommes n'ont certainement pas envie de changer, parce que cela remettrait en question l'ensemble de leur prérogatives, exigerait une relecture totale de leur sexualité, de leurs fantasmes, de leur identité. Et je ne parle pas des viols ordinaires, qu'ils sont nombreux à avoir commis, qu'ils n'arriveront jamais à nommer comme tels, car ils n'ont pas envie de se voir ainsi, comme des pointeurs. » (pp. 53-54)

5. « Voilà ce que m'a permis de réaliser cette grève : qu'à partir du moment où on décide de ne plus faire partie du jeu, il faut réinventer notre rapport à l'autre.
En tant que consommatrice, l'arrêt du sexe a également changé beaucoup de choses en moi. Maintenant que je ne baise plus, j'ai la sensation que plus rien ne s'adresse à moi. "Ni la pipe, ni la mode", comme l'a résumé Virginie Despentes. Soudainement plus rien ne me concerne. Et quelles économies ! Depuis le début de ces quatre années d'abstinence, je suis libérée de cette surconsommation qui insécurise les femmes en leur faisant croire qu'elles ne sont jamais à la hauteur, qu'il leur manque toujours quelque chose. Je n'ai presque pas acheté de vêtements, encore moins de culottes. […] Pas un centime dans des fringues sexy, pas une seule paire de talons. J'ai aussi remarqué que je ne me parfumais plus, ou alors rarement, avec un peu de vanille et de monoï, souvenirs de vacances à la mer. Et que de temps gagné à cesser de m'épiler la chatte ! Dans un réflexe pavlovien, je continue à sortir mon épilateur Babyliss au moindre poil sur les jambes, je ne suis pas complètement déconstruite, il faut croire. » (pp. 71-73)

6. « Aimer, c'est donner à l'autre un accès à son être, l'autoriser à avoir sur sa propre personne un ascendant qui engendre soumission et désubjectivation. Ainsi la relation amoureuse est, chez moi, vouée à l'échec, au corps et à la subjectivité qui se dissolvent, au néant et à la mort.
On ajoutera à cela un autre obstacle à l'amour : mon expérience de travail du sexe, aussi lointaine soit-elle, qui modifie radicalement le rapport aux hommes et le désenchante. Aux putains, on n'accorde d'ailleurs aucun autre statut que celui de créatures muettes qui donnent sans rien attendre en retour, de trou sans fond. Mais est-ce le travail du sexe qui a parasité mes rapports amoureux, ou alors mes rapports amoureux étaient-ils déjà défaillants au point de me conduire au travail du sexe ? La poule ou l’œuf ? Difficile de déterminer avec certitude l'origine du dysfonctionnement. » (p. 128)

7. « "Aimer, c'est essentiellement vouloir être aimé", pour reprendre la formule lacanienne. Or, dans mon cas, les dés sont pipés dès le départ. Ce n'est pas moi qui suis aimée, mais un personnage créé de toutes pièces. Lorsqu'un homme me rencontre pour la première fois, son jugement est perturbé par ce qu'il connaît de moi via la presse ou Internet. Finalement, ce n'est pas d'Éloïse dont il tombe amoureux, ni encore d'Ovidie, mais de l'image qu'il se fait d'Ovidie. Et je sais parfaitement qu'un amour construit à partir d'une image factice, d'une représentation, d'une idéalisation, est voué à l'échec. Quand bien même cet homme apprendrait à me connaître, il serait rattrapé par l'image que les autres, ses amis, sa famille, ses collègues, se font de moi. […] Et s'il prenait le temps de me découvrir, il serait certainement déçu de constater que je ne suis "que" ça, une Éloïse beaucoup moins sulfureuse que le personnage d'Ovidie que j'ai créé, que je n'ai au quotidien rien de puissant ni de flamboyant, que la personne qui s'exprime avec aisance devant un micro se terre facilement dans le silence et ne parle qu'à ses chiens une fois les caméras éteintes. » (pp. 130-131)

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Swann




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Posté: Dim 19 Mai 2024 9:10
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Sur les détails plutôt que sur le fond (auquel je souscris), je crains malheureusement que la prise de conscience de l'aliénation patriarcale chez certaines femmes soit la déconstruction fondamentale après laquelle toute velléité de "vie de couple" devient impossible, tant le modèle social même négocié avec un homme "de bonne volonté" ne correspond pas à la nouvelle vie de la woke. La tentation est grande de camper "dans le champ de ruines", au mieux de le balayer.
Sur la séduction coûteuse, je me souviens d'un album où Ovidie dit renoncer à la démarche qu'elle avait entamée d'aller "se faire congeler les steaks" (se geler les capitons à des températures inhumaines, censé détruire les adipocytes). Certes, pourquoi tant de haine de soi, désespérant de séduire ?
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apo



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Posté: Jeu 23 Mai 2024 8:17
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Coucou l'amie,
"Il y a toujours un moment dans ma vie où je m'entiche d'une caricature de macho hyperviril. Et me revient alors cette éternelle question : comment se fait-il que nous acceptions ce genre de maltraitances, ces mécanismes qu'en tant que féministes nous connaissons pourtant par coeur ? Nous savons de quelle manière fonctionnent ces types, nous sommes formées pour les repérer et les éviter. Et pourtant, nous nous jetons dans la gueule du loup, tout en ayant conscience de la catastrophe à venir. Je songe également à ces camarades autour de moi, qui consacrent leur vie à la lutte contre les violences - physiques et psychologiques - faites aux femmes, et qui sont elles-mêmes maltraitées au quotidien. Savoir quelque chose ne suffit pas pour s'en prémunir." (p. 86)
Cette cit., je l'avais omise afin de ne pas mettre en exergue les "dissonances cognitives" (sic!) que l'autrice s'impute parfois. Mais il est vrai qu'à la lecture de Nelly Arcan encore plus qu'à celle d'Ovidie je m'étais posé la question de la répétition des attirances envers des relations toxiques. Haine de soi ? Sans doute. Désespérance à séduire ? A l'évidence, pas du tout ! Ovidie, à chaque page et même dans son apparence physique affichée et très construite témoigne d'une confiance immense en son pouvoir de séduction. (Même dans ses photos les plus récentes, on ne lui voit pas un seul cheveu blanc ni un maquillage imparfait...)
Attention ! Je ne vais pas me ranger du côté des poncifs machistes : "certaines aiment bien ça", "elles l'ont bien cherché", etc., etc.. A l'inverse, je soutiens qu'il est stupide et immoral de culpabiliser les femmes victimes des hommes violents en leur imputant une responsabilité qu'elles n'ont en aucun cas. Les attirances - qui sont toujours mutuelles - sont l'affaire de DEUX inconscients mis en présence, donc par définition elles sont doublement inaccessibles à la conscience et à la responsabilité. (Les attirances, pas les comportements!) Par contre, au niveau macro de l'ensemble de l'espèce humaine, la socio-biologie ne peut que constater l'existence de stratégies plurielles dans le choix du partenaire (inconscientes) et en mesurer la régularité statistique par-delà l'immense variabilité des cultures et des contextes socio-historiques.
Et toi, qu'en penses-tu ?
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Swann




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Posté: Sam 25 Mai 2024 11:46
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J'aimerais pouvoir faire une réponse suffisamment développée, nuancée, étayée... Je crains que les personnes les plus "éveillées", "déconstruites", tout comme celles qu'on qualifie de résilientes, restent fragiles, imprégnées, colonisées jusque dans leur inconscient, des stratégies millénaires qui font obtenir protection, attention, estime... ou celle qui permettent d'éviter les violences, le rejet.
Quand je dis inconscient, je pense au domaine des fantasmes, par exemple. Il est affolant que le viol, qui traumatise, qui détruit, qui pousse certaines femmes à ne plus envisager que le suicide, reste aussi un fantasme très ancré (et, comme tel, ne nécessite pas de réalisation, certes) chez les femmes. Il y a des choses qui se rejouent, qui donnent une impression de maîtrise dans ce "rejeu".
J'ai ressenti beaucoup de reconnaissance au réalisateur de la mini-série Netflix "Mon petit renne", qui montre à quel point la névrose peut inhiber les défenses, voire fait agir irrésistiblement à rebours de nos intérêts devant les personnes toxiques. Le fait que le "héros" soit masculin empêche de dire immédiatement "ouais, en fait, [elles] aiment ça, hein" et cela permet de réfléchir un peu à ce que peut faire faire le besoin désespéré d'être en relation.
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Posté: Lun 27 Mai 2024 9:20
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Coucou, l'amie,
Tes réponses, même si elles ne sont pas aussi développées que tu le souhaites, sont toujours source d'inspiration et de réflexion ; je t'en sais gré.
Merci pour l'indication de cette mini-série.
Sur le thème des fantasmes, et en particulier des fantasmes de violence et de viol, ton message tombe à propos, puisque je viens de lire l'essai d'Océan qui traite exactement ce sujet-là.
L'explication par la névrose qui inhibe les défenses en est une autre qui me paraît tout à fait convaincante, probablement même plus fondée que celles d'Océan. J'ai envie de faire un pas de plus, en posant l'hypothèse qui convoque l'instinct de mort et les autres pulsions d'autodestruction, surtout lorsque les comportements sexuels se caractérisent par des prises de risque.
(Entre nous, je me réjouis de te voir adopter des notions de psychanalyse purement freudienne : "inconscient", "névrose"... Serais-tu donc revenue parmi nous en t'étant enfin libérée de l'influence pernicieuse du méchant livre de Michel Onfray ? - Je te taquine un peu... Wink )
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Swann




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Posté: Jeu 30 Mai 2024 9:39
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Au risque de me répéter, le meilleur du freudisme, semble-t-il, ne vient pas de lui.
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apo



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Posté: Jeu 30 Mai 2024 13:20
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Il faut bien qu'il y ait un maître pour que ses disciples le surpassent, non ? Very Happy
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