[Bouncer. 6, La Veuve noire | Alexandro Jodorowsky ; François Boucq]
L’étrange cas de Carolyn Harten.
La bourgade de Barro-City située au pied de gigantesques monolithes de grès dressés comme la main du diable voit arriver simultanément la nouvelle institutrice par la diligence, une délégation apache menée par le chef aguerri Toro Negro et le passage d’une troupe de tuniques bleues dirigée par l’atrabilaire Gallagher. Si chacun a une part décisive à jouer, le Bouncer demeure la pièce maîtresse de l’échiquier du mal qui se met en place.
Les deux volumes « La Veuve noire » et « Cœur double » constituant le 3e cycle de Bouncer peut faire écho au film de Clint Eastwood « Chasseur blanc, cœur noir » (1990) quand le chasseur est la proie de ses démons et le chassé le fossoyeur de sa vie. Alexandro Jodorowsky échafaude une dichotomie des idées et un dualisme des sentiments. Enchevêtrés, opposés et finalement complémentaires, les personnages dansent une farandole sinistre et esquissent les contours d’une humanité chancelante sans cesse taraudée par ses propres malfaisances. Le trait souple, précis et réaliste de François Boucq rappelle celui d’Alexis (1946-1977), splendide dessinateur adepte de l’absurde (voir « Avatars et coquecigrues », Audie, 1975). Il est difficile d’oublier les créations loufoques de Boucq (Rock Mastard ou l’assureur-explorateur Jérôme Moucherot), qui se superposent à l’univers de Bouncer et endiablent son graphisme d’un arrière-plan de poilade et de foirade mêlées. L’intensité de la série ne faiblit pas. La fureur jaillit, les noirceurs s’épandent, l’amour persiste, même à l’envers et contre tout.
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