[Arpenter le paysage : poètes, géographes et montagnards | Martin de La Soudière]
La mesure du paysage.
Sociologue versé dans la ruralité contemporaine, Martin de La Soudière voyage au rythme lent du pas de l’arpenteur et produit des enquêtes de terrain circonstanciées. Son essai est autobiographique, notamment dans son introduction et les deux premiers chapitres : « Entrer en Pyrénées », « Grandir avec les montagnes », élargissant les horizons selon l’âge, passant des monts de l’enfance aux reliefs plus accusés de l’adolescence et aux sommets escarpés de l’âge adulte : « A chaque stade de développement… son « étage » biogéographique ». Puis, tout en modulant les propos, l’auteur laisse la part belle aux écrivains, peintres, paysagistes, géographes, etc., tous sensibles aux paysages : Gracq, Pessoa, Jaccottet, Dhôtel, Sansot, etc. pour les notoriétés ainsi qu’à une kyrielle de personnes non médiatisées ayant maille à tricoter avec le paysage : alpinistes, géographes, ethnologues, botanistes, bergers, agriculteurs, simples promeneurs, etc. En faisant le lien entre les témoignages et les écrits multiples, en s’y associant dans le continuum de sa vie, Martin de La Soudière fait apparaître avec intelligence et finesse le concept de paysage, protéiforme et insaisissable par essence. Ainsi, Jean-Loup Trassard, notable aux champs, écrivain de souche, fait incessamment le « tour du propriétaire » en Mayenne, haut lieu de son existence et délivre un paysage universel, à fleur de terre, au plus près de la vie paysanne d’antan : le bocage ou l’art d’habiter la Terre.
D’un style alerte, l’auteur laisse courir sa plume avec légèreté et fluidité, réveillant ses souvenirs, actualisant ses lectures, sans nostalgie aucune, la pensée projetée en avant, dans la découverte d’un paysage incarné à hauteur d’homme.
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