[Dodo : chroniques d’une maison close | Francis Leroi ; Georges Lévis]

Acht ! Les betites femmes de Parisse ! Dodo n’est pas une espèce éteinte mais une adolescente de quinze ans prénommée Julie en plein essor qui monte à Paris en compagnie de sa mère, Suzon, tapineuse en maison close et de son souteneur, le beau Léon, nanti d’une moustache en brosse à la mode en ces temps de débâcle. L’histoire débute en 1942 et l’Allemand a pris ses quartiers et ses aises dans la France occupée. Dodo fera soubrette mais gardera son pucelage. Pourtant, l’ado veut en découdre. Sa fraîcheur et sa joliesse attisent les convoitises des barbons. Le colonel de la Kommandantur, vieux schnock à monocle, est vivement intéressé par Dodo. Léon, en cheville avec l’occupant, saura faire valoir son entremise. Opportuniste, il remarque une superbe femme éplorée venant demander la libération de son mari et buter sur une bureaucratie allemande insensible à ses charmes. Léon va savoir trouver les mots et les arguments pour relever le moral de la belle. Dans un hôtel de luxe, habillés de leurs seules chaussettes à bretelles, les amants vont trouver le chemin de la jouissance. Dans son cachot, le mari cocu peut se faire du mouron assaisonné aux marrons. D’ailleurs, il sera libéré avec le portrait refait par les poings des brutes teutonnes. Léon navigue en commerçant avisé, prenant son plaisir et le sens du vent de l’histoire dans un même élan, jouisseur décomplexé mais doté d’une morale mitée au fond de son tiroir-caisse.
L’ambiance de la bédé est plutôt plaisante. L’argot de l’époque est bien rendu et le dessin aérien aux couleurs tendres de Georges Lévis concourt à rendre l’ensemble sympathique. Le second tome du volume réalisé par Giovanni Romanini et Lucio Filippucci continue l’histoire de Dodo après la Libération et la fermeture des maisons closes par Marthe Richard mais le soufflet retombe, le dessin empesé et le contexte plus relâché de l’après-guerre ne favorisant pas la franche adhésion.
Glénat poursuit un intéressant travail éditorial en publiant une partie de l’œuvre de Jean Sidobre, alias Georges Lévis, talentueux dessinateur de bédés érotiques et illustrateur entre autres de Caroline, Alice, Valérie, Babette, Le Club des Cinq, Pilou, Vincent et Nathalie, etc., une double casquette pour un homme au trait élégant.

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