C'est toujours un plaisir de retrouver l'inspecteur Sonchaï Jitpleecheep, son insolence courtoise et raffinée, son intégrité presque anachronique dans un univers perclus de corruption...
J'ai juste réalisé, en cours de lecture, avoir "sauté" deux des épisodes de ses aventures : "Bangkok psycho" et "Le parrain de Katmandou" s'intercalent entre "Bangkok Tatoo" et le présent opus. Peu importe, cela n'a pas vraiment gêné ma lecture. Sa vie privée a bien subi quelques changements, mais ces derniers sont sans incidence sur la compréhension de l'intrigue.
En plus de Sonchaï, nous retrouvons son supérieur, le colonel Vikorn, pris d'une étonnante lubie : il souhaite présenter sa candidature au poste de gouverneur de Bangkok. Le hic, c'est que le taux de résolution des affaires dont il a été en charge au cours de sa carrière frôle le néant. Il faut dire que les combines de plus en plus perfectionnées qu'il a mises au point pour étoffer sa fortune personnelle durant toutes ces années, lui ont laissé bien peu de temps pour s'occuper des criminels...
Afin de redorer son image en vue de la prochaine élection, il a décidé de s'attaquer au trafic d'organes, sujet ô combien médiatique -et donc parfaitement adapté à la situation- et c'est Sonchaï, à sa connaissance seul policier honnête de Bangkok, qu'il charge de l'enquête. Celle-ci mènera notre inspecteur narrateur de Dubaï à Hong Kong, sur les traces de jumelles névrosées et très déstabilisantes, de jeunes prostituées dont les charmes ne le laissent pas insensible, et de l'incontournable général Zinna, éternel rival du colonel Vikorn.
Comme toute intrigue policière, celle-ci comporte son lot de scènes sanglantes et de victimes pitoyables, mais les lecteurs de John Burdett seront, je pense, d'accord avec moi pour dire que là n'est pas l'important. Ce qui fait tout le sel des romans de l'auteur britannique, c'est le ton qu'il emploie, reconnaissable d'un titre à l'autre, qui provoque à chaque fois autant de ravissement, avec la conviction de passer un moment bien agréable.
Cette fois encore, le charme a opéré, John Burdett forçant volontairement le trait lorsqu'il évoque la personnalité de son personnage, et le décalage qu'il présente avec le monde qui l'entoure. Il oppose le sens de l'honneur et la spiritualité de Sonchai Jitpleecheep à une société gangrenée par la corruption et un capitalisme galopant qui ne connait plus de frontières, dont les dérives occasionne chaque jour davantage de victimes aux quatre coins du globe, particulièrement les plus pauvres.
Malgré un propos susceptible de démoraliser tout un régiment, les aventures de notre pur inspecteur ne sont pourtant jamais déprimantes, leur auteur les servant avec un humour qui emprunte à la fois à l'ironie et l'auto dérision.
Et puis ce Sonchai est, il faut bien le dire, un personnage extrêmement sympathique ! Aussi, malgré quelques longueurs dans la seconde partie de l'intrigue, je suis sortie satisfaite de cette lecture.
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