Ce texte, jeté tel un cri d'indignation à l'égard des choix du gouvernement américain (esclavage, guerre du Mexique), cherche à justifier en premier lieu la posture désobéissante de son auteur envers la puissance publique, puis son anti-étatisme. De ces deux points de vue, HD Thoreau n'était pas seulement un homme d'idées, mais je dirais qu'il est parti de son action pour développer sa pensée (la transcendance de la Nature). Il a notamment aidé à la fuite d'esclaves vers le Canada, refusé de payer ses impôts... On ne peut donc pas lui reprocher de ne pas mettre en application sa pensée.
Celle-ci est très séduisante, sa devise étant : "Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins". Mais rapidement on se rend compte que le socle de cette pensée est la conscience individuelle. Progressivement le texte développe ainsi un questionnement et des réponses autour de l'individu, il devient un discours de l'individualisme. Mais il est parfois confus, voire contradictoire (on a le sentiment de suivre un texte ayant été écrit sous le coup de l'émotion, en plusieurs fois, sans relecture critique) Ainsi à un moment il parle de faire la guerre à l'État, mais la page suivante, il dit : "Je ne désire pas me quereller avec quiconque, homme ou nation, [...], ni avancer de subtiles distinctions, ni me monter en épingle. Je cherche bien plutôt, croyez-moi, à me conformer aux lois nationales."
Bref ce cri du cœur qui est devenu une référence de la pensée libérale repose sur des bases chancelantes qui en réduisent la portée.
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