Comme le titre l'indique, le texte est la plaidoirie prononcée par Gisèle Halimi au tribunal de Bobigny en 1972. Marie-Claire Charpentier, la jeune fille de seize ans, violée par un petit malfrat, dont l'avortement avait été dénoncé par lui en échange de la clémence de la police pour un vol, a déjà été relaxée au tribunal pour enfant : on juge qu'elle a été influencée par les adultes. Il reste quatre femmes, la mère, la commère et deux autres.

Gisèle Halimi plaide évidemment le droit d'une femme à disposer de son corps mais aussi l'absence d'autre solution dans la mesure où le public est très mal informé de contraception et d'éducation sexuelle (il est à tomber par terre que ça se discute encore aujourd'hui). Elle aborde aussi la question d'une justice de classe et je regrette qu'elle n'aborde que le fait que les ouvrières soient moins au fait de la connaissance de leur corps que les bourgeoises. Il est peut-être plus objectif de signaler qu'une femme qui peut se payer un voyage en avion à l'étranger n'aura pas affaire à la justice de France. Halimi s'appuie également sur les nombreux témoignages à décharge de médecins, de philosophes et même de prêtres.


Citations :



* Est-ce que vous accepteriez, vous, Messieurs, de comparaître devant des tribunaux de femmes parce que vous auriez disposé de votre corps ?... Cela paraît démentiel !
* Accepter que nous soyons à ce point aliénées, accepter que nous ne puissions pas disposer de notre corps, ce serait accepter, Messieurs, que nous soyons de véritables boîtes, des réceptacles dans lesquels on sème par surprise, par erreur, par ignorance, dans lesquels on sème un spermatozoïde. Ce serait accepter que nous soyons des bêtes de reproduction sans que nous ayons notre mot à dire.
* Les femmes se font avorter et meurent dans des conditions abominables parce qu'elles ont décidé de ne pas procréer et qu'on les empêche d'avorter.
* Aucun homme au monde et aucune loi au monde n'obligeront les femmes à ne pas avorter si elles ont décidé de le faire.

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