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[Il romanzo di Tommaso Campanella | Dante Maffia]
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Posté: Mer 27 Mai 2020 21:30
MessageSujet du message: [Il romanzo di Tommaso Campanella | Dante Maffia]
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Tommaso Campanella, philosophe, poète et théologien dominicain calabrais du XVIe-XVIIe siècle, fut décidément un penseur de la Renaissance. Enfant prodige et autodidacte fils d'un cordonnier analphabète, successeur spirituel d'un autre Calabrais philosophe, Bernardino Telesio, comparé pour son érudition et sa mémoire à Pic de la Mirandole, il eut l'occasion de croiser en prison Giordano Bruno, de se faire le défenseur de Galilée, et, en fin de vie, de se faire détester par Descartes, estimer par Gassendi et protéger par Richelieu et par Louis XIII. Mais, par-dessus tout, il passa vingt-neuf ans de sa vie dans différentes geôles napolitaines, persécuté tour à tour par la justice civile de l'Empire espagnol et par l'Inquisition, dans lesquelles, malgré des conditions de détention inhumaines et périodiquement la torture, il parvint à rédiger une œuvre monumentale, dont la postérité ne retient guère que sa célèbre utopie, La Cité du soleil – postérieure d'environ un siècle à celle de Thomas More – où il prône, entre autres, la communauté des biens, l'amour libre et l'égalité entre hommes et femmes.
Dans cette biographie romanesque, presque une hagiographie de martyr, l'auteur, Dante Maffìa, lui aussi calabrais, essayiste et poète, met en exergue, plus que la pensée philosophique de Campanella et ce qu'elle pouvait avoir d'innovant voire d'hérétique à son époque, la personnalité intransigeante et indomptable de l'homme, et son engagement politique contre la tyrannie de la domination espagnole d'une Italie du Sud miséreuse et affamée, saignée à blanc par l'avidité et la corruption du gouvernement.
Campanella, le petit chevrier du curé Don Terentio, ayant appris clandestinement à lire et écrire le latin et le grec et recevant de lui quelques rares et précieux volumes en cachette, est envoyé au couvent à l'âge de treize ans, en 1582, dans la perspective d'être mis à l'abri de la faim, alors qu'il se verrait bien muletier. Son appétence immodérée pour la lecture et les débats théologiques lui vaut les soupçons et l'hostilité des prieurs des différents monastères dont il est chassé pour insubordination, jusqu'à son premier acte de révolte contre l'institution ecclésiastique : l'offrande d'un poème déposé sur le catafalque de Telesio. S'ensuit la première fugue du couvent, les premières arrestations, les premiers procès des tribunaux ecclésiastiques, des pérégrinations dans les principales universités italiennes de l'époque, Bologne, Padoue, mais aussi l'amitié avec le baron napolitain Mario del Tufo, qui lui sera acquise à jamais. En somme, rien de bien méchant jusqu'à son retour punitif et contraint en Calabre, où le Frère, atterré par la misère ambiante, commence à comploter et dirige une révolte armée contre les Espagnols, espérant même soudoyer la flotte ottomane : la révolte s'achèvera en un bain de sang en 1599.
Fra' Tommaso est arrêté, emprisonné, torturé. Étrangement – au moins pour notre époque – même si la torture a pour but principal d'apprendre les noms des conjurés, le procès tourne immédiatement autour d'accusations de sorcellerie, hérésie, satanisme, débauche, etc. Par expérience de l'Inquisition, le prévenu sait que le seul moyen de ne pas finir sur le bûcher, c'est de livrer des indices convaincants de folie, car « le fol est irresponsable », tout en maintenant une ligne de défense irréprochable contre les imputations plutôt politiques. Avec beaucoup d'adresse, Campanella y parvient en déversant systématiquement des déferlantes d'injures, de menaces apocalyptiques, de malédictions bibliques et évangéliques contre ses accusateurs et ses juges. En contrepartie, ceux-ci multiplient les sévices physiques, car « seuls les véritables fous sont insensibles à la douleur » et il suffit donc qu'il craque physiquement pour que sa prétendue folie cesse d'être crédible. Mais le moine-paysan trapu et habitué aux rudesses d'un environnement naturel hostile résiste à l'insupportable et surenchérit par des accès d'ire nocturnes et diurnes qui peuvent très bien passer pour des délires, et qui le sont d'ailleurs peut-être. Ces pages sont caractérisées par une violence formidable et le doute plane sur le lecteur que le héros n'ait pas effectivement perdu la raison.
Mais le temps passe, aucun prisonnier n'a jamais résisté plus de quelques années à ces traitements, les procès sont inconcluants, les autorités sont gênées, les conditions de détention s'améliorent, on finit par surseoir même sur l'interdiction papale que le prisonnier reçoive de quoi écrire, son activité intellectuelle reprend, les visites commencent à affluer et Campanella soigne – par magie ou par la science, peu importe... - et apporte conseil, il reçoit dons et richesses qu'il partage généreusement avec les geôliers, une véritable économie du bakchich se développe, pour laquelle tout le monde a intérêt à ce que le religieux vive et continue de travailler... Cette situation dure jusqu'en 1627.
Libéré par la justice civile, il est rattrapé par l'Inquisition : procès en hérésie, incarcération. Deux ans de plus. Mais le dominicain a désormais 61-63 ans, il a une renommé internationale, des appuis puissants, l'heure n'est plus à simuler la folie : on lui demandera de renier Galilée, il pourra se permettre de refuser... Et organisera sa fuite en France, où il sera accueilli par les plus puissants, le roi en premier lieu.

La plume de Maffìa a le don de faire fonctionner l'identification : très vite, dans le récit principal comme dans les rêves, les souvenirs, les évocations, les plaidoyers, les réflexions, les doutes métaphysiques du personnage, le lecteur ressent à sa place, s'indigne avec lui, il voit les mêmes paysages arides et brûlé par le soleil, il souffre des mêmes injustices, il sent dans sa chair les mêmes tourments, garde les mêmes espérances ou sombre dans les mêmes désespoirs... La poésie a un rôle certain dans le texte comme dans la vie de Campanella : dommage que la pensée philosophique n'ait pas été rendue davantage.


Cit. :


1. « Don Terentio rimase un attimo in silenzio come se fosse preoccupato o crucciato, poi, con la mano, fece il gesto di scacciare un pensiero molesto, aprì il manoscritto e lesse :

Te, lagrimosa pianta, sembra Amore,
benché altrove i miei mal sien gemme e scogli ;
tu sola e nuda verdi germi sciogli,
dal tuo grembo natio divelta fuore.

- Ma come ! una poesia dedicata alla cipolla ? Cosa ha di così speciale la cipolla se all'occorrenza si può cogliere nell'orto di tutti gli stilesi ?
- La cipolla è un pretesto per inneggiare al creato, benedetto ragazzo. [...] » (p. 27)


2. « - Se gli striscianti si mordono tra loro vuol dire che sta accadendo un prodigio o un maleficio. Andiamo via.
Ma qualcuno rise alle parole impaurite e caute di Tommaso e gli rimproverò d'essere di ricotta.
[…]
Un grido lacerò l'aria : i ragazzi, smarriti, si guardarono tra loro, ebbero l'impulso di fuggire, ma ritornarono sui loro passi e spiarono tra i cespugli di macchia e di mirtillo ; un compagno era steso per terra, con un piede impigliato in un rovo e il volto coperto dalle serpi che si erano accanite su di lui.
Non intervennero, fuggirono a rompicollo e, soltanto quando si sentirono al sicuro nelle strade del paese, cominciarono a gridare, a chiamare aiuto.
Gli uomini arrivarono sul posto con falci e roncole ma non poterono far nulla per salvare quella creatura butterata dai morsi, scempiata e ridotta a brandelli. » (p. 117)


3. « Fu ancora maggiore la meraviglia di Tommaso quando si rese conto che Richelieu conosceva perfettamente la sua storia e le sue opere. Ne parlò con la competenza d'un dotto, e con la capacità di un teologo che sa collocare al loro posto le innovazioni e ne sa interpretare le conseguenze. Il suo errore, così sembrava insinuare a fra' Tommaso, pareva essere quello di pensare che la Chiesa potesse rinnegarsi tutt'a un tratto, e ammettere di avere commesso impietose violenze ; le innovazioni, diceva la voce suadente, andavano dosate, "come m'insegni", e lui si chiedeva smarrito quando mai gli aveva insegnato cose del genere, "altrimenti", proseguiva, "si corre ai ripari negando e mettendo sotto accusa. La scienza è un pericolo per i miopi di mente sempre preoccupati oltre il dovuto. Se tutti potessero accettare che il mondo fisico e quello metafisico non solo sussistono ma dialogano fra loro e ne traggono beneficio, si sarebbero calmati. Ma temo che passerà molto tempo, prima che ti riconoscano valido pensatore ; si vede che così è scritto nel libro del Cielo". » (p. 158)

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Swann




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Posté: Sam 30 Mai 2020 19:45
MessageSujet du message:
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Citation:
Campanella, le petit chevrier du curé Don Terentio, ayant appris clandestinement à lire et écrire le latin et le grec et recevant de lui quelques rares et précieux volumes en cachette, est envoyé au couvent à l'âge de treize ans, en 1582, dans la perspective d'être mis à l'abri de la faim, alors qu'il se verrait bien muletier

Pourquoi le début de cette phrase me fait-il rêver, pourquoi trouvé-je sa fin trop romanesque pour que j'aie envie d'y ajouter foi ? Wink
Il n'empêche que cette destinée est bien fascinante.
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