[Les seigneurs de la Terre. 3, Graines d'espoir | Fabien Rodhain ; Luca Milisan]
Ensemencer la Terre-Mère et féconder l’humanité.
Florian Brunet a rompu les amarres avec sa famille et son pays. Il végète en Inde où la patience est une vertu et une nécessité. Alors que Florian se sent capable de perdre la patience qu’il n’a pas, il va devoir apprendre à s’ouvrir aux autres et aux événements sans parti pris afin d’approcher la vérité intérieure et de suivre le parcours de sa mère dans le sous-continent asiatique, un dédale densément peuplé mais doté d’une mémoire collective performante. De rencontres accidentelles en contacts déflagrants, toujours sur les traces de sa mère, Florian navigue à vue à partir de bribes d’informations glanées en chemin. Pendant ce temps, les lobbyistes des multinationales essaient de faisander toute manifestation allant à l’encontre de leurs profits. En Inde, Vandana Shiva fait se déplacer des foules pacifiques qui tentent de se réapproprier les semences en passe d’être brevetées et de devenir inaccessibles.
En déplaçant son intrigue en Inde avec ses 1,3 milliard d’habitants et ses besoins alimentaires corrélés, le scénariste amplifie son propos, transposant à l’échelle d’un continent des méthodes qui pourraient paraître anecdotiques au niveau d’un pays européen plus circonscrit. La présence des lobbyistes pratiquant la désinformation, l’intimidation et la violence par nervis interposés est bien rendue et tend l’intrigue en conséquence. Conséquemment, la vie en France devient presque accessoire et les déconvenues de Florian avec sa femme et sa belle-famille n’ont plus la même portée hormis quand sa fille pleure la séparation, rendant flagrant un atavisme comportemental. L’autre force de l’histoire tient aux mentalités des personnages qui peuvent se transporter d’un continent à l’autre mais ne pas se métamorphoser d’un coup d’encens magique ou d’ambiance relaxante. Florian pourrait forcer la main du destin mais il y perdrait la face. Il le sent et arrive à encaisser les revers et à éviter in extremis les dérives. Le dessin, bien qu’un peu figé aux entournures, se trouve enluminé par le coloriste et rend la lecture agréable. Spécialiste du cliffhanger, le scénariste donne envie de courir se plonger dans le 4e album de la série.
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