[Fear Agent : intégrale. 1 | Rick Remender ; Tony Moore, Jerome Opena]
Vortex.
Dernier Fear Agent à la dérive, Heath Huston est devenu un mercenaire liquidant le whisky au goulot et les extra-terrestres à la demande. Auparavant chargé de la défense de la Terre contre les aliens, les Fear Agents constituaient une unité d’élite, des nettoyeurs efficaces. Maintenant, quand il ne soliloque pas, Huston ne parle plus qu’à Annie, l’intelligence artificielle de son vaisseau spatial. Missionné pour aller sur la planète Frazterga liquider des créatures agressives, les Zlasfon, Heath se rend compte que les extra-terrestres simiesques sont manipulés par une cervelle géante, gigantesque organe autonome à l’allure de crustacé baveux. Après avoir encaissé des plaies et des bosses pour peanuts, un nouveau contrat expédie Hudson dans une station géostationnaire qui ne donne plus aucun signe de vie. Poursuivi par des mangeurs, aliens tentaculaires, dans une fuite éperdue, au bout d’un tuyau d’évacuation, plongé dans un bain d’eau claire, Heath Hudson fait la connaissance de Mara Esperanza, lancée sur une mission identique. Conscient qu’une invasion dévastatrice va détruire la Terre, Hudson et Mara vont tout tenter pour contrecarrer une planification particulièrement perverse mais pour le baroudeur meurtri par la perte des siens, le chemin de croix sera long et la résurrection ne fera qu’empirer le mal qui le ronge sans qu’aucun véritable salut ne se dessine derrière le malstrom de duplicité, de souffrance et de violence.
Si la SF peut apparaître absconse et ennuyeuse, les superhéros décalés et ridicules, le gore écœurant, l’aventure spatiale plombée de clichés, la romance cousue de fil blanc, tous ces ingrédients savamment dosés dans Fear Agent délivrent une histoire stupéfiante et terriblement attachante. L’humour de l’anti-héros cabossé et sa conduite désespérée mais empathique agit en contrepoint d’une tragédie humaine qui jaillit par flashbacks et rend toujours davantage Heath irremplaçable. Le dessin de Tony Moore et de Jerome Opeña est complémentaire, affûté, idéalement outrancier. Il est impossible de lâcher un tel bijou en cours de lecture. Akiléos a soigné son intégrale qui reprend les trois premiers titres de la série et les accompagne de superbes croquis et de couvertures couleur. Il est dommage que la deuxième intégrale qui clôt le cycle ne soit plus disponible qu’en occasion à des sommes exorbitantes.
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