Rades à Maske et mascarade.
La planète Maske est située aux confins de l’Aire Gaïane, dans le Grand Trou, une « poche de vide » quasiment inexplorée. Des hommes, portés par la Foi, sont venus, depuis une autre planète, coloniser toute une région de Maske dénommée la Thaérie. Au fil des siècles, le dogme s’assouplit, les préceptes se relâchent, des villes grandissent mais les castes et les étiquettes perdurent.
Dans le district de Glentin, une région rude et rurale, Jubal, à la mort de son père, s’oblige à quitter le domicile familial qui revient de droit à Trewe, le fils aîné. Il prend son bâton de marche et parcourt les comtés de la Thaérie. Jeté dans le monde, sans attache, avec la force et l’insouciance de la jeunesse, Jubal pourrait romantiser à son gré au rythme des rencontres si un fâcheux accident ne risquait de l’expédier ad patres. Alors qu’il travaille à la consolidation d’un mur de soutènement, un citadin hautain accompagné d’une troupe armée force le passage malgré les avertissements de Jubal, l’entraînant dans une avalanche de pierres. Sévèrement meurtri, Jubal reprend pied et retourne au Glentin. Sur les conseils avisés de son oncle Vaidro, Jubal, muni d’une lettre de recommandation auprès d’un puissant, Naï le Hever, décide de tenter sa chance à Wysrod, la grande ville thariote, lieu de toutes les intrigues et de toutes les frustrations. Pour le jeune Glint, la partie à jouer va être serrée et il n’aura pas le droit à l’erreur d’autant qu’il va se trouver confronté à Ramus Ymph, un Thariote ambitieux, dangereux et intrigant.
Jack Vance déploie un récit coloré et vivant. Il rend le parcours de Jubal captivant même si l’intrigue s’avère secondaire. Les événements surprennent toujours par des points de détail que ce soit une coiffure décalée, une étoffe bigarrée, une lumière inhabituelle ou par l’exposition de règles exotiques à l’exemple d’un châtiment appliqué en bonne et due forme : inoculation d’un produit qui exacerbe les sensations, plongée dans un bain irritant, utilisation d’un brise-os. Tous les personnages avancent masqués ou dissimulés sous des noms fantaisistes. La franchise et la droiture ne semblent pas de mise dans un monde de faux-semblant. Les sentiments ne s’expriment pas directement et il semble presque impossible de connaître l’amour ou l’amitié. Pourtant, Jubal, va souquer ferme, prendre des risques et forcer son destin pour le plus grand plaisir du lecteur qui ne peut que se délecter des rapports de force instaurés entre les protagonistes. Sous un vernis de bienséance se ramifient et se chevauchent toutes les cupidités, les duperies et les cruautés des hommes, fussent-ils cantonnés à l’autre bout de la galaxie. A travers un mince opus, le lecteur peut approcher l’œuvre réjouissante et puissante d’un auteur riche et fécond, jamais décevant même dans des ouvrages mineurs.
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