Il fallait bien qu’un jour Tatie Hulotte s’intéressât, autrement qu’en la dépeçant, à un autre membre de la famille des strigidés, la Chouette d’Athéna ou Chouette chevêche, petite boule ronde et trapue accompagnant autrefois la déesse grecque de la sapience dans l’esprit des hommes.
L’enquête du journal de La Hulotte consacrée à Claudine, prénom vernaculaire désignant la petite chouette des bocages, l’identifie parmi les neuf espèces de rapaces nocturnes en France, entre le Hibou grand-duc pesant ses 2,5 kg et la Chouette chevêchette affichant 65 g. La Chevêche d’Athéna, avec 160 g., figure 6e sur l’échelle volumétrique. Espèce commensale, elle a besoin de pâtures rases et d’arbres creux pour se nourrir, nidifier et prospérer. Avec ses 14 vertèbres cervicales, la Chevêche peut pivoter sa tête à 180° et compenser ainsi la fixité de ses yeux. Son vol ondoyant et audible la cantonne à la chasse à l’affût, guettant le mulot étourdi mais son menu est varié, criquet, grillon, sauterelle, lézard, limace, orvet, ver de terre (par temps de pluie, elle peut extirper un lombric par minute), etc. Vient la saison des amours, la reproduction et l’élevage des chevêcheaux (11 g. à la naissance). La Chevêche est la reine des porcheries quant à la tenue de son nid, « bauge pestilentielle », cloaca maxima, où les proies stockées non ingurgitées se putréfient et finissent par grouiller d’asticots. La dégradation des habitats (remembrement), les épandages massifs de pesticides, les collisions avec les automobiles (30 % des effectifs sont anéantis chaque année), les pièges multiples (poteaux téléphoniques creux), la multiplicité des prédateurs (fouine, rat, chat, chien, chouette, etc. concourent à faire disparaître l’oiseau de Minerve.
Pierre Déom, auteur complet, maître orfèvre, produit un nouvel opus de qualité qui complète de belle manière son grand œuvre encyclopédique peut-être voué, pour quelques happy fews égarés parmi les générations perdues à venir, à la nostalgie lancinante des paradis définitivement révolus. La 6e extinction massive de la biodiversité est aujourd’hui lancée en accéléré et rien ne semble pouvoir l’enrayer. A sa façon légère et humoristique, Pierre Déom le dit en introduction et en conclusion de son fascicule : « L’homme… prépare plusieurs [calamités] actuellement mais personne ne sait laquelle réussira en premier ».
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