[Sur le chemin des Ducs : la Normandie à pied, de Rouen au Mont-Saint-Michel | Bernard Ollivier]

Bernard Ollivier est amoureux de sa compagne Bénédicte et de sa Normandie natale. Marcheur solitaire sur le tard [il entreprend sa « Longue marche » de 12 000 km sur l’antique route de la soie, d’Istanbul à Xian, dès les années 2000, passé 60 ans et la retraite atteinte], l’ancien journaliste décide de parcourir sa région mollement vallonnée en douce compagnie, sur le parcours des Ducs normands, de Rouen, capitale du duché jusqu’aux confins du monde, dans la baie du Mont-Saint-Michel, soit 16 étapes jalonnant 332 kilomètres de chemins et sentiers, par monts et par vaux, par tous les temps. D’emblée, la relation de voyage est faussée car le parcours a été tronçonnée, étalée et réalisée à différentes époques en cinq fois, les 4e puis 5e parties situées aux extrémités de l’itinéraire faites en dernier pour relier l’ensemble. La pérégrination perd de sa cohérence et le parcours obligé apparaît factice. L’introduction « En guise d’échauffement » n’en raconte pas moins dans une langue claire et déliée la genèse de ce voyage à pied. Le lecteur pourrait s’attendre à un développement ailé et plein d’élan. Las ! Bernard Ollivier a laissé sa peau d’écrivain au vestiaire pour endosser celle d’un journaliste de syndicat d’initiative. Dans un style plat émaillé de réflexions parfois affligeantes (« Ah ! Les braves gens ! »), l’auteur déroule son périple monotone en le chapitrant à l’économie (« Vers Vire », « Vers Avranches », etc.) et en le documentant après-coup pour lui donner du corps sans pour autant y insuffler l’esprit des lieux. Le mérite du journal de voyage de Bernard Ollivier tient à la mise en lumière des chemins de pèlerinage vers le Mont-Saint-Michel, retrouvés, tracés, protégés. Sous l’égide de son instigatrice, l’alerte octogénaire Marie-Paul Labéy, trois mille kilomètres de chemins ont été balisés et mènent au Mont, véritable chimère de granit capable de faire chavirer tous les cœurs humains.

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