[Nous ne savions pas : Les Allemands et la Solution finale | Longerich Peter]
Le livre est difficile à résumer, comme certains passages sont durs à lire. Il commence par une analyse du titre : "Nous n'en savions rien" au lieu de "je n'en savais rien". Le "je" qui se dilue dans le "nous" collectif, le verbe savoir qui repose sur des certitudes et non des rumeurs. Quant au "en", tout dépend de ce qu'il englobe.
Etait-il possible d'ignorer les persécutions administratives (exclusions de certains emplois, heures restreintes pour faire ses courses...) et les déportations ? Non. Et la population a réagi contrairement à ce qui était attendu par le parti nazi aux manifestations physiques (Nuit de Cristal, port de l'étoile jaune) obligeant ce dernier à considérer les marques de sympathie ou de compassion comme un crime condamné à trois mois en camp de concentration.
Il était difficilement possible d'ignorer les massacres de juifs dans des fosses communes, surtout après la découverte de Katyn (fosse contenant des milliers de polonais, militaires et civils, tués par les soviétiques), découverte exploitée par la propagande nazie qui parle alors d'éradication et d'anéantissemnt de la juiverie mondiale. Même dans les milieux bourgeois, l'existence des chambres à gaz semble avoir été tenue plus secrète. Pourtant des rumeurs persistantes (et non fondées) parlaient de trains de déportés arrêtés dans des tunnels pour y être gazés.
Il y a bien sûr beaucoup d'autres points abordés dans le livre : l'évolution des réactions de la population selon l'évolution de la guerre, l'attitude du clergé, des Alliés...
Le livre s'appuie, beaucoup trop, sur l'analyse, critique certes, de documents officiels : presse nazie, discours d'Hitler, directives et journaux de Goebbels, rapports d'ambiance utilisés par la propagande (mais quelle est leur valeur quand les gens ne pouvaient s'exprimer ouvertement en public et que ces rapports rédigés par des membres du parti étaient destinés à ses dirigeants).
Il y a trop peu d'extraits de journaux intimes, de courriers ou de témoignages, qu'ils soient d'origine juive ou non. De plus, contrairement à ce qui est annoncé dans le titre, la période couverte s'arrête en 1944.
Pour finir, même si j'ai fait des découvertes dans ce livre, je préfère ceux d'Antony Beevor, un excellent historien de la Seconde Guerre Mondiale.
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