Rachel, petite fille de 11 ans quitte sa maison, sac au dos, décidée à atteindre le sommet d'une montagne afin d'honorer Dieu pour les « magies » qu'il lui envoie. Ce qu'elle appelle « magies » ce sont des signes de la nature, des apparitions mystérieuses d'oiseaux le plus souvent, qu'elle interprète comme étant des messages divins, même si chez elle la religion n'est pas du tout présente.
Abdelhamid, un ancien harki réfugié dans un chalet avec son compagnon d'armes de l'époque, pour qui la vie s'est arrêtée depuis le massacre de sa famille en Algérie, se met lui aussi en route : il a aperçu la petite fille et guidé par son instinct, il la suit pour la protéger. Leur rencontre se fera au sommet et sera libératrice pour le vieil homme (les dernières scènes sont touchantes).

Un beau récit, on suit alternativement les pas de l'un ou de l'autre, je me suis sentie beaucoup plus proche d'Abdelhamid, un personnage plein de noblesse ; Rachel m'a mise mal à l'aise, une petite fille que l'on devine mignonne, gentille mais on ne comprend pas bien son histoire de signes (ce n'est qu'à la fin, qu'une réponse nous est suggérée). A travers Abdelhamid, il est surtout question ici des harkis, de leur engagement et de leur confiance en la France et le Général de Gaulle, puis de leur abandon en 1962, la répression en Algérie mais aussi de la bonne conscience des français (p. 102). Le discours de Chabas est clairement engagé, il dénonce la « propagande métropolitaine », parle de duplicité, il écrit « L 'occident abandonnait, avec un systématisme glaçant, ceux dont il avait gagné la confiance.
Et tout le monde, après un vague murmure d'indignation de circonstance, tout le monde s'en moquait » p.53

Un bel hommage aux harkis, sujet qui je crois n'est pas beaucoup présent dans la littérature de jeunesse et pour ça déjà, le roman mérite de faire partie des collections de bibliothèques. Pourtant je ne sais pas quel accueil lui réserveront les jeunes, car il m'a semblé que le récit, assez exigeant, présupposait des connaissances sur le sujet, malgré les quelques mots expliqués au début (OAS, FLN... ). Il peut aussi bien décourager que susciter au contraire l'envie d'aller plus loin, d'en savoir plus d'où l'avertissement de J. F. Chabas concernant les ressources numériques.

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