La Grande-Bretagne, dans un futur proche. Après que des attentats terroristes ont fait régner la peur, le pays est entre les mains d'un état dictatorial qui prétend assurer la sécurité nationale. Hélas, cette protection conduit très rapidement à une privation des libertés fondamentales telles que le droit de s'exprimer, de débattre, de contester et tout simplement de penser... Bien-sûr, les livres, qui corrompent les esprits, vont faire les frais d'une censure impitoyable, des récrivains récrivent des versions officielles, aseptisées, des oeuvres littéraires : 1984 et Sa majesté des mouches, entre autres, sont des Livres Interdits. Or, à sa grande stupeur, Stefan, fils de libraire, découvre que son père non seulement appartient aux Mots, une organisation clandestine de résistance, mais qu'en plus, il cache chez lui un écrivain condamné à mort pour la teneur de son dernier roman. Ce jeune ado, parfaitement endoctriné, se trouve alors face à un cas de conscience terrible : soutenir son père, au risque de devenir complice, ou le dénoncer.

Ce roman est un formidable roman d'anticipation, il nous entraîne à un rythme haletant, au long de ses presque 450 pages, dans les pas de Stefan, qui va apprendre peu à peu à renouer avec la liberté pour enfin se sentir vivant ; l'apprentissage sera douloureux, semé de pertes et marquera un terme à l'enfance. On se sent proche des personnages de ce roman, par ce qu'ils ont d'humain : des doutes, des faiblesses, des émotions ; les Mots sont au service de la paix et de la liberté mais sont divisés sur une question cruciale : le recours (ou non) à la violence. Les livres quant à eux ont une place d'honneur dans le texte. Mais c'est aussi un livre qui interroge la responsabilité de tout un chacun puisque «l'état (...) reflète la conscience collective» (p. 403). Alors que les slogans martèlent inlassablement «Pour votre sécurité, soyez vigilants», c'est un autre message qui se dégage implicitement du roman à l'adresse du lecteur : «Pour votre liberté, soyez vigilants». Un livre à mettre entre toutes les mains, à partir de 13 ans.

Je lui aurai probablement mis 5 étoiles, si je n'avais pas lu La brigade de l’œil de Guillaume Guéraud (même thème, plus noir, plus violent, plus désespéré)

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