[Tex. Spécial n° 15, Le cavalier solitaire | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]

Il y a bien quinze ans que Tex n’a pas rendu visite aux Colter, ses amis fermiers. Leur fille Lena est devenue une belle jeune femme. Elle décide d’aller se rafraîchir au torrent mais quatre hommes de passage vont la surprendre et tenter d’abuser d’elle. Un coup de feu et le père accourt, le fusil à la main. La famille est massacrée, Lena scalpée. Tex arrive deux heures après la tuerie et découvre les empreintes des tueurs : « Ils étaient quatre… Un d’entre eux portait des mocassins. Trois Blancs et un Indien. » Au pied de la ferme calcinée, Tex enterre ses amis et décide de les venger. Il piste le sinistre quatuor mais la musique macabre n’est pas jouée en faveur du ranger. Molesté, assommé, Tex est jeté dans un profond ravin après que son cheval a été effrayé par les bandits et s’est écrasé sur les roches. Il faut faire croire à une mort accidentelle. La chute de Tex est amortie par des arbrisseaux poussant à flanc de falaise. Inanimé, il est secouru par un fermier, Hiram Norris. Sur le chariot du rancher providentiel, Tex apprend qu’un potentat local, Ray Barret, cherche par tous les moyens à évincer les colons afin d’accroître ses possessions foncières. Hiram en fait les frais. Entre-temps, Sammy, le Noir ami du vieil Hiram, tente de protéger la ferme face à la horde de Barret mais il est brutalisé, les enclos détruits et les animaux abattus. Tex va avoir du fil à retordre car les canailles s’associent et s’entraident sur son chemin. Pourtant, avec méthode, Tex va s’appuyer sur quelques bonnes volontés armées de courage et retrouver chacun des assassins de la famille Colter. La fin du parcours jalonné d’exécutions se fera au village apache d’Aravaipa où Jako s’est réfugié, renégat indien, fils du chef Ta-Sah.
Pale Rider a fait des émules et Tex Willer devient le cavalier solitaire le long d’un chemin semé de croix. Le récit classique du justicier vengeur est étoffé d’ajouts rendant crédibles les malfrats. Ils ne sont pas donnés à voir en tant que tels. Ils ont aussi leur propre histoire esquissée à travers l’attachement fraternel ou filial. Leur méchanceté n’en prend que plus de relief. Tex prend des coups et perd de sa superbe. Il doute, bougonne mais reste inflexible quant à sa mission. La fin n’est pas bâclée dans le combat au corps à corps avec Jako bien que la psychologie des Indiens ne soit pas totalement crédible, notamment au travers des réactions de Ta-Sah qui pense : « Un fils de perdu, un fils de trouvé ! » Le dessin de Joe Kubert n’est pas toujours enthousiasmant quant à l’expression des visages ou la représentation des paysages. Le trait filandreux semble s’effilocher et les corps se désarticuler. Lorsque Kubert soigne son trait, travaille les ombres en hachures croisées, le dessin décolle. Toutefois, ce nouvel opus de Tex Willer brille par les cadrages et le dynamisme de la mise en page. L’édition Prestige de Clair de lune est toujours superbe par son format et la qualité de l’impression en noir et blanc. Malheureusement, l’éditeur se moque des coquilles qui font tache.

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