Dr Robert Escande
Madame, Monsieur
Meusien d’adoption, J’ai été médecin dans un désert médical rural une vingtaine d’années, et j’ai tenu à la fin de mon activité à écrire un livre témoignage.
J'ai le plaisir de vous le presenter.
Le livre « Médecin quand reviendras tu ? » est édité par les éditions Baudelaire et distribué par Daudin (ISBN 978-2-35508-778-3).
J’ai eu le plaisir d’avoir un bel article dans « L’est Républicain » que je vous joins également.
En espérant une réponse favorable de votre part, je vous prie d’agréer, madame, monsieur, l’expression de mes plus respectueux sentiments.
Dr Robert Escande.
Meuse : un médecin broyé par l'administration
Un médecin dans un petit village de campagne, broyé par l’administration. C’est le récit d’un ancien docteur ardéchois installé désormais à Neuville-sur-Ornain. Témoignage.
L’histoire de Robert Escande se déroule en Ardèche, mais elle pourrait tout aussi bien se passer dans la Meuse.
Dans ces petits villages parfois loin de tout pour qui le médecin est synonyme de survie, au sens propre et figuré.
Installé à Neuville-sur-Ornain depuis deux ans, il raconte dans un roman, « Médecin, quand reviendras-tu ? », sa vie de toubib de campagne dans la vallée de Saint-Etienne en Montagne. Ses 4.000 patients par an, ses 10.000 actes annuels et « une incohérence totale entre le discours des pouvoirs publics et la réalité du terrain ».
« J’étais médecin propharmacien dans un petit village de 550 habitants, à une heure de route en été de l’hôpital le plus proche, quasiment inaccessible en hiver. Lorsque je me déplaçais pour une urgence, j’apportais avec moi les médicaments, ce qui était tout à fait légal », explique Robert Escande.
Infarctus de stress : « On m’a posé neuf stents, un record en France en une seule intervention »
Jusqu’à ce que le fisc veuille le faire payer trois fois : sur ses revenus de médecin, sur ses revenus de pharmacien et sur ses revenus de… vétérinaire.
« Mais je n’ai aucune activité de vétérinaire. C’est juste parce que les vétérinaires sont aussi propharmacien. C’est une façon de me taxer, pour me dégoûter du métier. Si j’avais payé, j’aurais travaillé sans faire aucun bénéfice. »
De ses ennuis avec l’administration, à la jalousie des médecins du secteur et à la curiosité de certains habitants du village qui trouvent que le « toubib » mène grand train (« Ils ont tiqué quand j’ai acheté un 4x4 Humer, mais c’est le seul véhicule qui permet d’accéder aux coins les plus reculés en hiver ») sa vie est devenue un enfer.
Pour autant, Robert Escande, médecin commandant des pompiers, diplômé en urgence et réanimation, n’a jamais voulu lâcher ses patients.
« J’avais un certain train de vie, mais je travaillais sans compter, disponible 24h/24, 330 jours par an. »
Plainte au conseil de l’ordre, procès et Conseil d’Etat, le docteur est relaxé partout. Mais garde quand même un goût amer dans la bouche, la vague sensation que l’Administration veut le broyer, lui et ses quelque 400 confrères médecin propharmacien qui subissent le même sort. « C’est complètement ridicule. Ça ne sert à rien que j’aille voir des patients au beau milieu de la nuit, que je leur fasse une ordonnance et que je les laisse se débrouiller pour aller à la pharmacie, 20 km plus loin, quand ils sont âgés ou très malades. »
Lors d’un séjour en Meuse, Robert Escande se sent mal. « Une forte douleur dans la poitrine. J’ai tout de suite su ce que c’était ».
A l’hôpital de Bar-le-Duc, le chef de service des urgences l’envoie à Nancy, tout de suite.
Le diagnostic tombe : infarctus de stress, à 47 ans. Une situation impossible à gérer a failli avoir raison de lui. « On m’a posé neuf stents (des petits ressorts qui écartent les artères pour laisser passer le sang, NDLA), un record en France en une seule intervention. »
En invalidité, Robert Escande ne retravaillera plus jamais. Il a écrit ce livre pour témoigner. « Je ne suis pas un donneur de leçons et je sais bien que ça ne changera pas les choses. Je rapportais de l’argent à la collectivité. Ils ont fait cesser tout ça en tentant d’en gagner plus. »
Le village de Saint-Etienne en Montagne a installé une maison de santé dans laquelle un médecin consulte une demi-journée par semaine, sur rendez-vous.
Les médecins alentours, selon Robert Escande, ne veulent pas se déplacer. « Ils préféreraient que les patients viennent à eux. » Au final, ce sont les urgences du coin qui voit leur affluence augmenter.
Selon la formule consacrée, toute ressemblance avec une situation réelle en Meuse ne serait que fortuite ou une pure coïncidence…
Marion JACOB
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