Parfois j'adore les petits livres d'aphorismes de l'aigreur dont l'auteur est un philosophe méconnu, à l'instar de Georges Picard et Roger Judrin. Le nihilisme me convient. Le cynisme de ceux qui dénoncent le déontologisme m'épate - rarement je souhaite même m'y conformer. Rarement, mais ça arrive. Le sophisme de quelqu'un qui écrit, à la p. 31 : "Il n'y a de mauvaise polémique que celle que l'on accepte d'engager", et à la p. 39 : "Il n'y a de mauvaise polémique que celle que l'on refuse d'engager", m'enthousiasme.
Pour ma part, j'en serais resté à la p. 31 - car la polémique, je ne l'aime pas trop, fût-elle à l'égard de Michel Onfray... Pour la raison, aussi, que les premières pages m'ont semblé meilleures que les suivantes.
La misanthropie et la misogynie sont des arts ardus depuis L-F. Céline et il est moins difficile d'être déçu par l'un de ses épigones que par Cioran.
Mais mon véritable grief frappe un auteur qui a commis le subtil geste méprisant de dédicacer l'exemplaire que j'ai dans mes mains (et que le destinataire a très bien fait de revendre pour une obole) par un ultime aphorisme imprimé et collé (tordu), sans aucunement s'y tenir :
"On ne pourra pas me reprocher cette manie des auteurs d'aphorismes d'ériger leurs infirmités personnelles en mal du siècle : la mienne consiste à faire l'inverse."
Un proverbe turc lui répondrait avec à propos : "Que tes oreilles entendissent ce qui sortit de ta bouche !"
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