L'agora des livres :: Voir le sujet - [L'école des chances : Qu'est-ce qu'une école juste ?...]

Laudateur

[L'école des chances : Qu'est-ce qu'une école juste ? | François Dubet]

Un bon livre sur l'école, et je trouve qu'il n'y en a pas beaucoup...
A quoi ça sert, l'école? Quelle différence entre éducation et instruction? Comment fonctionne l'école, et en quoi ne remplit-elle pas son rôle? Quelle approche et quelles modifications seraient souhaitables?

Dubet aborde ces questions sans détour, et explique bien les enjeux d'une école qui donnerait aux élèves toutes les chances d'avoir une culture commune, en réduisant les échecs, en acceptant une forme de compétition qui mène à des inégalités (à l'inverse d'une compétition qui ne dit pas son nom, prétend qu'on a tous les mêmes chances alors qu'il n'en est rien), mais des inégalités régulées et harmonieuses.

Un livre qui - enfin - permet le débat d'idées sur ce qu'est l'école.
Dommage qu'on hésite encore à entrer dans ce débat, alors même qu'on re-sacralise l'école au point d'en faire un sanctuaire sécuritaire. Quand serons-nous capables de nous comporter avec nos enfants en tant qu'adultes?

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

apo

« Laudateur » a écrit:

des inégalités régulées et harmonieuses.

hummm : intéressant (ou comment se défaire d'un concept gênant - l'Egalité !)

"réduisant les échecs"... il est vrai que depuis une certaine lecture de Bourdieu et de son capital symbolique comme instrument de reproduction du système de domination (je pense à La Reproduction), l'on a souhaité "réduire les échecs" (cf. 80% au bac, et après ?), sans se rendre compte que la reproduction allait passer par d'autres canaux (cf. le taux d'élèves issus du milieu ouvrier aux Grandes Ecoles dans les années 60-70 et aujourd'hui) ni, pire, qu'une sélection se dispensant des critères scolaires allait se produire - et se produira de plus en plus avec la réforme des universités - selon des critères non scolaires et notamment de revenu.

Ecole comme "sanctuaire sécuritaire": la perception angoissante et ressentie au quotidien de me trouver dans un lieu de rétention et de contrainte à faire très principalement quelque chose d'autre que de transmettre ce que je tiens pour le plus précieux (la connaissance, l'esprit critique), à savoir maintenir une certaine discipline que je méprise, c'est ce qui m'a fait quitter l'enseignement. Après plusieurs années, je ressens encore des sentiments de culpabilité pour ma compromission au sein de l'Education nationale.

"Nous comporter avec nos enfants en tant qu'adultes" : En quoi sommes-nous adultes ? N'essayons-nous pas justement par tous les moyens de ne point l'être ?

Ce message a été plus personnel et impliqué qu'il ne le fallait, et je m'en excuse.

Laudateur

Mais ne t'excuse pas, tu as parfaitement raison :
L'égalité est un voeu pieux, mais qui peut y prétendre? Certains sont de même beaucoup plus égaux que d'autres, et l'objectif est de réduire les inégalités (ce qui implique une réflexion de fond : dans quelle société voulons-nous vivre? - réflexion qui n'aura probablement jamais lieu, soit par idéologie conservatrice, soit justement parce qu'on défend ses intérêts propres, bref, mort aux idées).
Puis sur l'éducation nationale, enfin, comment dire... où est l'éducation? A part quelques profs qui font du bénévolat devant une masse de profs qui disent "mon boulot c'est pas d'accompagner les élèves dans la citoyenneté, c'est de leur vomir ma matière"...
Et "quand sommes-nous adultes"? c'est bien une vraie question. Or, c'est bien notre rôle devant nos enfants, surtout lorsqu'on est dans des métiers de l'Education.

Merci Apo pour ta réaction. Je pense que le bouquin t'intéresserait, si, si. Si tu trouves à l'emprunter, risque-toi. Amicalement,