Hector et Pimprenelle s'aiment, ils vont avoir un bébé…L'histoire pourrait être joliment banale si, peu à peu, la superbe jeune femme passionnée et indépendante qu'avait rencontrée Hector ne se transformait en mégère jalouse et maniaque.
Bien sûr, le « style Jaenada » est toujours là : le lecteur a littéralement l'impression d'être dans l'esprit d'Hector, le narrateur, à qui l'auteur prête ce sens de l'humour qui lui est propre, émaillé d'analogies farfelues et de réflexions inattendues. En l'occurrence, c'est ici la vie conjugale (installation en couple, grossesse et apprentissage du rôle de parents) qui fait les frais de cet humour. Cependant, plus on avance dans le récit, et plus on rit « jaune », car les protagonistes en arrivent à vivre un véritable cauchemar ; le comportement de Pimprenelle devient complètement insensé : jalousie virant à la paranoïa, accomplissement obsessionnelle des tâches ménagères. En réaction, Hector passe d'une passivité résignée à des accès de violence incontrôlés.
Dans un sens, on peut voir dans cette histoire une caricature des aléas de la vie maritale : repli du couple sur lui-même, routine rythmée par les obligations du quotidien, renoncement à tout ce qui nous liait à notre existence de célibataire, et par là, se reconnaître parfois dans certaines attitudes et réactions. Seulement, il ne s'agit pas ici de la dégradation progressive de relations conjugales imputable aux deux parties (comme c'est souvent le cas en réalité) : on a davantage l'impression, en effet, que Pimprenelle en est l'unique responsable, Hector opposant souvent une patience d'ange à l'hystérie grandissante de sa compagne. Au final, j'ai donc plutôt eu le sentiment de me trouver face à la narration d'une plongée dans la folie, l'arrivée de son enfant déclenchant chez la jeune femme des troubles comportementaux héréditaires (elle reproduit l'attitude maternelle qu'elle honnissait tant…).
Cette impression est d'ailleurs confortée par la construction du roman : Jaenada raconte l'accouchement dans un premier temps, puis « l'avant » et « l'après », comme pour mettre l'accent sur l'impact de cet événement sur la vie de nos deux héros.
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