Fario est une revue assez secrète et comme les truites du même nom, elle fraye dans les torrents limpides et froids, vivants et féconds de la littérature et de l’art. La provende en est particulièrement savoureuse et tient longtemps en bouche. La thématique du n° 3 est axée sur la marche et des auteurs confidentiels révèlent des trésors de poésie puisés au vif du monde. Les découvertes sont majeures et peuvent être décisives pour le lecteur explorateur et sentinelle. Parmi la petite vingtaine d’auteurs conviés, des noms connus émergent, Gustave Flaubert, Charles-Albert Cingria, Gustave Roud, Jacques Réda, René Guy Cadou mais d’autres noms surgissent dans un éclat inouï tels Inigo de Satrustegui : « A chaque instant, l’univers sombre dans chacune des consciences qui s’éteignent… » ou Pascal Riou : « Il y a ces feux au bord de la nuit comme des trouées, on les croise en roulant vite. Pourtant ils nous attirent – tant qu’on aimerait marcher vers eux, les respirer, y renouer notre amour transi. » Il faut revenir régulièrement à cette belle revue sobre et aérée dans sa présentation et sa typographie, complexe et dense par les textes qu’elle présente, certains annotés et illustrés. Au regard d’un corpus qui se complète et se répond, d’une richesse qui ne semble pas se dissoudre à la première lecture, d’une parution semestrielle, le prix de 23 € paraît amplement justifié.
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