Avec la prise sans trop de souci du fort de Berthaume, l’Epervier concocte un plan audacieux afin de délivrer ses hommes emprisonnés dans les geôles à Brest mais la tempête se lève et contrarie ses projets. Entretemps, le vicomte Hervé de Villeneuve, bellâtre retors et buté, pactise avec le marquis de La Motte aguerri aux bassesses humaines. Afin de régler une importante dette de jeu, il lui révèle l’existence d’un trésor en Guyane trouvé par le marquis de Kermellec qu’il a auparavant froidement assassiné. La belle Agnès, petite fille du marquis défunt, malmenée et laissée pour morte par son cousin de Villeneuve, feint l’amnésie et décide de faire la lumière en coulisse en se rendant à Brest. Elle tombe sans le savoir dans les griffes de La Motte et de Villeneuve. L’Epervier semble avoir toujours un bateau de retard sur ses adversaires mais il tente de coller au sillage de son propre bateau affrété par le duo de filous de La Motte et de Villeneuve filant vent en poupe vers les Amériques.
Sur un scénario rocambolesque, Patrice Pellerin s’amuse à composer pour ses personnages plusieurs trajectoires parallèles jusqu’à les recouper et les unir dans une même course au trésor. Beaucoup de bonnes choses dans ce 3e épisode avec, par exemple les métamorphoses en toile de fond d’un ciel breton passant du bleu à l’anthracite tout au long de l’album, des décors soignés, des bateaux séduisants, des cadrages réussis, un dessin fin, précis, élégant. Quelques facilités dans l’histoire n’entament pas le crédit d’une série qui tient bien le vent et le flot (les discussions restent audibles en pleine tempête marine, le soliloque d’Agnès dans le bureau du comte de Kermellec révélant inopinément à l’Epervier dissimulé dans un recoin de la pièce l’existence d’un trésor, la capture invraisemblable de l’Epervier, si rusé d’habitude, à la prison de Brest). Comme l’auteur, le lecteur navigue à vue dans une histoire d’aventure maritime avec un plaisir évident.
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