Albert Cohen, après la mort de sa mère, utilise l'écriture pour exprimer son chagrin, ses remords de fils trop aimé mal aimant, et sa stupeur devant la cruauté et l'absurdité de la vie et de la mort. C'est également un moyen de rester encore un peu en présence de sa mère, d'évoquer son amour inconditionnel, son dévouement incomparable, ses mimiques et ses manies, ses qualités et ses défauts...
"On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné", écrivait Romain Gary dans
La Promesse de l'aube, pour dire qu'à l'aube, la vie nous fait la promesse de l'amour inconditionnel dans la personne de notre mère, sans nous prévenir qu'il est unique, éphémère et qu'on ne le retrouvera jamais plus. Albert Cohen dit exactement la même chose tout au long de ce livre.
On aurait le tort de le prendre pour une œuvre construite avec début, fin, plan thématique : 1/ mon enfance 2/ ma vie d'adulte 3/ les qualités de ma mère 4/ les défauts, etc. C'est une œuvre poétique, un thrène, un chant de deuil, avec refrains, anaphores, reprises, à lire comme tel. Sans compter que Cohen a parfois revendiqué l'orientalisme de son style, imité des textes prophétiques des "saints rabâcheurs", avec le lyrisme et le pathétique qui vont plus que jamais avec le thème du deuil.
J'ai retrouvé avec plaisir les germes de ce qui sera dix ans après "Belle du seigneur", des bouts de phrases, des images qu'il va réutiliser avec bonheur.
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