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[Un altro giro di giostra | Tiziano TERZANI]
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apo



Sexe: Sexe: Masculin
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Posté: Lun 01 Sep 2008 19:06
MessageSujet du message: [Un altro giro di giostra | Tiziano TERZANI]
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Une oeuvre accomplie. Au premier degré il s'agit du journal intime du reporter de guerre, à partir du moment où on lui diagnostique un cancer, jusqu'au moment où il dépasse le stade de ressentir le besoin de s'en soigner. Le journal se déroule en fait sur deux plans parallèles: d'une part l'analyse de la thérapeutique du cancer comme reflet essentiellement sociologique des mécanismes médicaux et psychosociaux qu'ont les différentes sociétés pour affronter cette maladie, qui demeure une sorte d'emblème de la mort; d'autre part le parcours intime d'évolution de sa propre conception du cancer, qui consiste fondamentalement à passer d'une optique du combat contre la maladie conçue comme un ennemi extérieur, à une acceptation d'un destin commun entre l'homme et sa maladie, sachant que la recherche d'une thérapie est en fait une vaine recherche d'un antidote impossible contre la mortalité, élément universel inscrit dans la vie.
Terzani est, au départ, un rationaliste européen, voire un sceptique florentin: tout ce qu'il peut y avoir de plus éloigné de la pseudo-pensée new age. C'est donc "naturel" pour lui de se tourner d'abord vers la pointe la plus perfectionnée de la médecine occidentale, vers un centre oncologique américain fort connu. Mais il s'aperçoit très vite des limites de cette "machine de guerre" qu'est l'Amérique médicale, reflet du pays dans son ensemble. Il cherche autre chose, dans de longues promenades solitaires à pied qui le remettent de sa chimio et radiothérapie. Il se tourne vers le charlatanisme des médecines alternatives orientales en Occident pour y découvrir que, même si elles étaient de bonne foi, elles seraient fatalement sans effet hors du contexte où elles sont nées, et en-dehors de la compréhension et de la foi (culturelles) qui doivent nécessairement les accompagner. Alors il réagit à sa façon: il se met en voyage vers l'Asie, le voyage et l'Asie ayant été ses compagnons de vie les plus fidèles. Il cherche des remèdes à sa maladie partout dans le vaste continent, et s'en veut de ne pas croire aux effets miraculeux des différentes potions qu'il poursuit et qu'on lui administre. Car il perçoit aussi les limites de ces thérapeutiques traditionnelles, et, de surcroît, il est non croyant. Mais son chemin spirituel avance, sa prise de conscience de l'inutilité de sa recherche aidant. Il devient Anam, le "Sans-nom" dans un ashram indien. Il arrive à se savoir gré de son cancer qui lui a permis de se dérober à une vie qui glissait vers la routine et vers l'ennui, vers le manque d'espérance pour une humanité qui se tourne toujours vers la guerre, sa maladie lui permettant en revanche de faire cet incroyable parcours introspectif, dans la solitude, malgré son attachement sans faille à sa femme. Il vit des années dans l'Himalaya, sans eau courante et sans électricité, en écrivant et en dessinant des couchés de soleil. Parfois il revient voir les siens. Le cancer lui accorde un sursis de plusieurs années, puis vient l'heure du contrôle de routine à la clinique américaine: on voudrait lui administrer de nouveau de la chimiothérapie, le réopérer, recommencer avec des soins lourds et violents, mais il est assez mûr pour les refuser et se retirer, cette fois avec sa famille, dans sa maison de campagne en Toscane, jusqu'à sa "séparation d'avec son corps".
Le voyage avec sa maladie devient en fait, comme il le dit, "un voyage dans le bien et dans le mal de notre temps". Phrase ambitieuse; ouvrage à la hauteur de cette ambition.

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apo



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Posté: Dim 31 Jan 2016 14:20
MessageSujet du message:
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Trad. française : Un autre tour de manège, par Gwenaëlle de Bonviller, aux Editions Intervalles, 17 mars 2015.
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Swann




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Posté: Mer 03 Fév 2016 9:30
MessageSujet du message:
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C'est dans les soins de cette maladie qu'on peut dire "incurable" dans la mesure où aucune thérapeutique ne peut garantir une guérison qu'on s'aperçoit qu'on a basculé dans le domaine de la foi.
Les chimiothérapies ont une efficacité limitée et certaines sont... cancérigènes, information que je cache autant que je peux à une proche.
Les thérapies alternatives ne sont appuyées par rien que des on-dit et largement attaquées de toutes parts.
Pour autant le malade s'en voudrait de refuser tout ce qu'on lui propose ; il y a un côté "acquis de conscience", le fameux "il faut se battre" dont on leur rebat les oreilles. Certains touchent à tout. Je pense à cette belle série dont je n'ai vu que deux saisons : "The Big C".
Le parcours qui nous est narré est très crédible, mais j'avoue que je ne comprends toujours pas les malades qui décident de ne plus rien faire, alors même qu'ils ne sont pas en stade terminal.
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Auteur    Message
apo



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Posté: Mer 03 Fév 2016 14:23
MessageSujet du message:
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Swann, chère amie,
Terzani, ni même Servan-Schreiber - il faut le lui accorder -, ne bascule à aucun moment dans la foi.
La chirurgie, ainsi que les thérapies chimiques et surtout radioactives sont essentiellement mortifères, c'est évident. Mais le cancer n'est-il pas lui-même paradoxal : des cellules qui font leur boulot (notamment se reproduire), juste avec trop de "zèle"... ?
De ces deux paradoxes symétriques peut naître l'idée que toute la métaphore guerrière de cette drôle de thérapeutique, dont le "il faut se battre" n'est qu'un exemple parmi mille, n'est pas la plus adaptée. Après tout, Terzani a vite compris que son corps et son cancer ne sont pas antagonistes : lorsque ce dernier aura eu raison de l'autre, il ne lui survivra pas. Autant essayer de les faire vivre en bonne intelligence...
Là réside tout le problème, naturellement. Si tu appelles cela "ne plus rien faire"...

J'ai mis ce livre dans beaucoup de mains, depuis que sa lecture a profondément marqué mon esprit. Je ne sais pas ce que vaut cette traduction - pour ne pas manquer à ma pédanterie habituelle, je dirai que je me convaincs que j'aurais traduit le titre : "Encore un tour de manège" au lieu de "Un autre tour...", plus littéral mais un peu ambigu - ; mais à présent, je ne me priverai pas d'en faire de même de l'édition française... A bon entendeur...
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Auteur    Message
Swann




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Posté: Mer 03 Fév 2016 15:51
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Par "basculer dans le domaine de la foi", je ne voulais pas dire "s'en remettre à (un) dieu".
J'aime ta traduction du titre.
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