Ce petit livre, écrit par un collectif d'associations, se lit très facilement et a été un vrai régal pour moi.
L'introduction présente très bien le but du livre, en précisant que les auteurs appartiennent à un courant féministe auquel j'adhère complètement : les différences entre les comportements et les goûts des hommes et des femmes dans notre société proviennent d'un apprentissage de la société qui pousse les uns et les autres à se comporter de telle ou telle manière.
À partir de là, le livre explore la manière dont les jouets qui sont offerts aux petits garçons et aux petites filles participe à cet apprentissage. Il y a bien sûr le classique "Les petites filles jouent à la poupée, les petits garçons jouent aux petits soldats", mais le livre va bien au delà de ça en analysant méthodiquement les thèmes des jeux, les emballages, le marketing et la publicité qui pousse les enfants à demander tel ou tel jeu, et ainsi de suite. Des analyses des catalogues de jouets montrent par exemple que les photos d'enfants illustrant ces catalogues les représentent dans des attitudes très différentes : les petits garçons jouent à l'extérieur et ont des activités guerrières et/ou aventurières, les petites filles jouent à l'intérieur de la maison à la poupée ou à la marchande.
Le livre consacre également une partie dédiée à des témoignages de puériculteurs/trices, racontant des situations où, dans des crèches, certains de leurs collègues ont pu pousser des enfants à se conformer à un certain stéréotype de comportement. Celui qui m'a le plus marqué concerne un petit garçon que son éducatrice amène elle-même à la crèche, après que ses parents l'aient déposé chez elle le matin. Le petit garçon, arrivé dans une salle contenant de nombreux jouets, se dirige vers un tas de poupées, en prend une, l'installe dans une poussette et joue à la promener dans la salle. Son éducatrice s'approche alors de lui et lui propose un autre jeu, plus adapté aux garçons. La personne qui fait ce témoignage va alors discuter avec l'éducatrice et lui demande qui des deux parents lui amène le petit garçon le matin, et il en ressort que c'est le père, qui amène le petit garçon en poussette. L'éducatrice suite à cette conversation conclut qu'il n'y a rien d'anormal à ce que le petit garçon joue à imiter son père, et va présenter ses excuses au petit garçon en lui disant qu'elle s'est trompée et qu'il peut jouer à ce qui lui fait envie.

Je conclue cette note de lecture en remerciant mes parents de ne jamais m'avoir offert des jeux sexistes (petite fille je jouais aussi bien à la poupée qu'avec un bulldozer et un camion benne), et je vous laisse méditer sur cette citation qui me semble particulièrement adaptée à l'agora : "Parmi les multiples accessoires de Barbie, on ne trouve pas un seul livre."

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[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

C'est vrai : Barbie-lectrice reste à inventer !

Une petite anecdote, qui a été un bel exemple éducatif à suivre pour moi.
La fille d'une de mes amies aime lire, jouer à des jeux dits de garçon, a plus d'amis que d'amies, nous annonce qu'elle désire s'inscrire au football, ce que mon amie prend avec équanimité. La petite alors reste silencieuse puis demande à sa mère : "Je suis un garçon manqué, non, maman ?"
Et mon amie lui répond tranquillement : "Non. Tu es une fille qui fait ce qu'elle veut."

Où est le smiley des applaudissements ?

bravo pour la réponse de ton amie (oui, il faudrait une emoticône qui applaudit ...)

Pour les livres ... je pense que c'est devenu davantage un "accessoire" féminin que masculin, me trompe-je ? Mais par ailleurs, je souscris moi aussi à la thèse selon laquelle les comportement différenciés homme/femme sont pour leur très grande part des comportements appris dans l'enfance. Mais là où j'ajouterais une nuance, c'est que je ne suis pas sûr que cela soit complètement un "mal". Ou, en disant les choses autrement : si il n'y avait aucune différence de comportement entre les hommes et les femmes, est-ce ce serait mieux pour tout le monde ? Pas certain, de mon point de vue.

Bon, je m'empresse d'ajouter que ce "différentialisme" a certes longtemps été une excuse pour écarter les femmes du pouvoir et leur assigner des tâches subalternes. C'est encore le cas dans bien des pays de la planète. Mais notons que les choses ont nettement évolué dans les pays occidentaux depuis une cinquantaine d'années. Et cela s'est fait sans que les femmes aient eu à devenir semblables aux hommes, ni les hommes aux femmes. Je ne crois pas que les différences homme/femme soient un obstacle à l'égalité de droit et de fait entre hommes et femmes. S'il faut résumer cela par un slogan : "Différences oui, hierarchie non !"

Le coup de la poussette me rappelle le Noël où mes parents avaient offert un baigneur et une poussette à mon neveu de deux ans (qui étaient ravis). Mon beau-frère commençait à faire la tête... et ma soeur lui a dit "tu n'aimes pas promener ton fils en poussette, toi? et jouer avec lui? es-tu moins masculin pour autant?" Il a été forcé de reconnaître que un poupon et une poussette étaient des jouets "unisexe"!

le noël de ses deux ans, son deuxième fils a eu en cadeau... un chariot de ménage! Et il était ravi aussi, lui qui voulait toujours aider à passer la serpillière ou le balai.

Mes neveux adorent jouer au marché, faire de la "cuisine" (les gels douche, colognes, laits hydratants... de ma soeur y passent!). Mais ils aiment aussi beaucoup jouer avec menottes, pistolet, épées, ballons....

Et quand je mets du vernis à ongles, ils aiment l'essayer, et avoir un ongle de chaque couleur!

merci Andras, j'adhère!
Il existe des différences entre les hommes et les femmes, et heureusement. Je ne sais pas sinon comment on pourrait ne pas les confondre (pour faire des enfants, par exemple, ce serait un peu plus difficile qu'aujourd'hui).

Mais il est bien vrai que les cultures (et la culture occidentale, alors!) accentue ces différences au point de ranger l'homme et la femme dans un catalogue bien précis : l'homme est viril et protecteur, la femme est un être d'intérieur, sensible... bref, on ne laisse pas l'homme être sensible ou la femme être maçon (ça change, oui, mais les clichés restent encore bien présents).

Il vaut la peine de bien se demander quelles sont ces différences "internes" et qu'est-ce que ça change dans nos relations les uns avec les autre.
Comme Andras, je crie : différence oui, mais hiérarchie, non merci!

Elles sont très chouettes vos anecdontes, Swann et Brujula, merci de les partager !

Une question pour andras et Laudateur (c'est une vraie question honnête pour laquelle je ne connais vraiment pas la réponse) : je suis assez d'accord sur le fait que les différences entre hommes et femmes est une bonne chose (même s'il me semble que ça peut donner lieu à des disucussions passionnantes à l'infini), mais... n'est-ce pas en contradiction avec la réaction de l'amie de Swann ? Si l'on souhaite qu'il y ait des différences de comportements entre hommes et femmes, que doit on penser des personnes qui adoptent des comportements traditionnellement attribués au sexe opposé ?
Sans parler aucunement d'interdire quoi que ce soit à qui que ce soit, est-ce que quelque part on ne dit pas que de telles personnes ne vont pas "plaire" aux personnes du sexe opposé ? (ceci sans parler de l'homosexualité pour laquelle le même genre de questions se posent)

Pour moi, il s'agit en effet non pas de "classer" les comportements entre féminins et masculins, mais bien de noter certaines différences.
Ainsi, pas question de mettre du rose dans la chambre de mes filles sous prétexte que ce sont des filles (même si mon aînée a souhaité avoir une tapisserie rose, qu'elle a eu - parce qu'elle l'a souhaité). Un des premiers jeux que j'ai acheté à ma fille aînée, c'est un circuit de voitures. Elle a peu joué avec, mais elle en avait la possibilité et c'est ce qui m'importe.
Je crois qu'il y a une différence entre "remarquer et accepter les différences de sexe - et de comportements sexuéss", et "éduquer nos enfants à avoir tel ou tel comportement sexué". Genre : comme t'es un gars tu vas jouer à la gueguerre.
Ainsi, pour revenir au sujet du livre, je suis contre les jouets qui indiquent un comportement sexué : un gars qui joue à la poupée s'exerce autant au rôle de père qu'une fille qui joue à la poupée. Simplement, les rôles d'un père et d'une mère sont différents. Si les gars passaient plus de temps à jouer à la poupée, peut-être qu'on verrait moins de père se désintéresser de l'éducation de leurs enfants?
En ceci, je ne suis pas sûr que nos discours tranchent avec la note de notre amie Swann

Ouh là là, prise de tête ! il va falloir convoquer Dolto, Naouri et consorts...
A quoi jouaient Hitler et Staline quand ils étaient petits ? Dans tout cela beaucoup d'acquis, je pense ; je n'ai jamais favorisé les jeux "mâles" pour mon fils (27 ans maintenant), ni les jeux "de filles " pour ma fille (25 ans...), l'imprégnation se faisait à l'école et avec les copains ; alors après celà allez faire du prosélitisme non différentialiste....

En tout cas suis convaincu et persuadé que les hommres devraient développer leur part féminine enfouie en eux,du moins ne pas la résorber... le monde n'en serait que plus vivable... (quoique ne nous leurrons pas , je vois bien une Barbarella dictatorialle repprendre les mêmes postures machistes que les plus fiéffés de nos autocrates.... Margaret Tatchter a quoi jouait-elle petite ?

Pour répondre à Andras: c'est vrai il me semble que la lecture c'est plus le fait des filles que des garçons (voir l'Agora....); D'ailleurs je suis attristé (le mot est faible ....) par la dissolution (au sens chimique) de la Lecture dans le Grand Tout médiatico-culturel ....actuel.