[Jo Zette et Jocko. T. 3, Le Manitoba ne répond plus | Hergé]

Le Manitoba, paquebot transatlantique, se fait arraisonner par des pirates invisibles et les passagers se font dépouiller de tous leurs biens à leur insu. Pendant plusieurs heures, le bateau paralysé par un rayon mystérieux, moteurs coupés, n’émet plus de messages et tous ses occupants ont perdu connaissance. Le Manitoba ne répond plus. Jo, Zette et Jocko en vacances au bord de la mer, prennent en douce le large avec la barque du père Mathieu et disparaissent dans la brume. Capturés par le sous-marin des pirates puis emprisonnés dans une base sous-marine, repaire des malfrats, les trois amis vont s’évertuer à contrecarrer les projets du chef, un inventeur chauve à la barbe hirsute, animé de noirs desseins, illuminé négatif du professeur Tournesol. Son robot aux oreilles de chou se dérègle et se déchaîne quand Jocko tombe accidentellement sur la manette de commande. Le savant fou prend un coup sur la tête et perd la boule. La course poursuite ponctuée de gags continue en char amphibie, passe par les tentacules d’une pieuvre géante pour aboutir sur une île tropicale habitée d’anthropophages. Destinés au chaudron, Jo et Zette sont engraissés. Les voici à point : « Bono ! ... Bono ! ... Diouf diouf ! … Niam-niam ! … » Heureusement, Jocko a fait alliance avec les chimpanzés de l’île et les cannibales sont bombardés par des noix de coco.
Dans Les aventures de Jo, Zette et Jocko, Le rayon du mystère, édité en 1952, est conçu en deux parties. Le 1er épisode s’intitule Le ‘Manitoba’ ne répond plus suivi par L’éruption du Karamako. L’histoire se dévide à tombereau ouvert dès que le trio d’amis entre en piste. Les méchants sont plus crédibles que dans Les aventures de Tintin car ils ne sont pas systématiquement ridiculisés. L’assassinat par noyade des enfants est mis à exécution dans la chambre d’immersion mais il échoue in extremis. Jo est particulièrement mature et dégourdi. Il a le sens de la répartie et la droiture chevillée au corps. Comme Tintin, son aîné, il sait tout piloter. Stratonef, char sous-marin, Jo est à l’aise aux manettes. Zette s’inquiète un court moment tout de même : « Mais, Jo… Pourras-tu piloter cet étrange appareil ? … » ; « - Il le faudra bien ! … D’ailleurs, ça n’a pas l’air plus compliqué qu’une auto… ». Après la 1re aventure elle aussi en deux épisodes, Le stratonef H. 22, Le rayon du mystère est plus délié, mieux rythmé. La science-fiction s’y affirme. Les invraisemblances paraissent moins nombreuses. Jocko est bien mieux utilisé. Les aventures souffrent néanmoins d’un décor réduit, beaucoup moins fouillé que dans Tintin. L’investissement d’Hergé est nettement moindre mais Jo, Zette et Jocko ne sont pas anecdotiques dans la production du maître du 9e art.

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