Dans le delta de l'Ebre, Charles III d'Espagne, inspiré par les Lumières, caressait le rêve d'édifier une Saint-Pétersbourg méditerranéenne. Il s'attacha les services de Tiepolo, dernier grand maître de la peinture vénitienne. De ce projet avorté de ville idéale, subsistent à Sant Carles de la Ràpita nombre de vestiges, prodigieux terrains de jeux pour des enfants qui se croyaient inséparables. Ils ont joué à l'amour et à la guerre dans les entrailles de la "Ville Invisible" et grandi dans les secrets enfouis sous les pierres. Un galeriste de Barcelone est de ceux-là, qui reçoit sous forme de pli anonyme un manuscrit du XVIII° siècle intitulé Le Mémorial de la Ville Invisible. Ecrit par l'architecte en charge de ce projet pharaonique, c'est un texte bruissant d'intrigues de cour, d'ambitions déçues et de passions inavouables. Il dévoile aussi l'étonnante disparition d'une toile de Tiepolo. Dangereusement menacés par les paradis artificiels et les amours éphémères d'une période contemporaine tout aussi tumultueuse, le galeriste et ses comparses se retrouvent autour du manuscrit pour converger à nouveau vers les lieux de l'enfance. Sur la piste du tableau perdu, ils apprennent à la manière du maître à déjouer les artifices de perspective pour trouver les réponses à leur vie en pleine dérive.