Jacob le mutant : rares sont ceux qui ont eu la chance de lire La Frontière, le roman le plus hermétique de l'écrivain autrichien Joseph Roth.
De ce texte, imprégné des délires alcooliques et des divagations cabalistiques de son auteur, on ne dispose d'aucune traduction.
Des fragments d'une version apocryphe circulent et seules les éditions Stroemfeld, à Francfort, conservent jalousement dans leurs archives un mystérieux exemplaire de l'édition originale.
Après un long et minutieux travail de recherche, Mario Bellatin a reconstitué ce qui restera comme une énigme dans l'œuvre du grand écrivain et nous en propose ici une subtile exégèse.
Rabin orthodoxe, Jacob Pliniak est aussi le patron d'une taverne construite à la frontière entre l'Empire austro-hongrois et la Russie : en réalité, ce commerce n'est qu'un paravent destiné à protéger la fuite des Juifs victimes des pogroms.
Dans une seconde vie, on retrouve Jacob Pliniak sur la côte Ouest des Etats-Unis, dans la peau d'une vieille femme de quatre-vingts ans, Rosa Plinianson, que le démon de la danse a déchaînée.
Chiens héros : " Près de l'aéroport de la ville vit un homme qui, en sus d'être immobile - en d'autres termes incapable de se mouvoir -, est considéré comme l'un des meilleurs dresseurs de bergers belges malinois de tout le pays.
Il vit sous le même toit que sa mère, sa sœur, son infirmier-dresseur et trente malinois dressés pour tuer le premier venu d'une seule morsure à la jugulaire.
On ne sait pourquoi, quand ils entrent dans la pièce où cet homme passe ses journées reclus, certains visiteurs perçoivent une atmosphère qui n'est pas étrangère à l'idée de ce que pourrait être l'avenir de l'Amérique latine. "